Blog


21 June 2017


A tout juste 29 ans Simon Pontdemé s’éclate à Chambly, club de National avec lequel il vient de rater l’accession en Ligue 2 au Goal-average. Pleinement épanoui, il est élu meilleur gardien du championnat par ses pairs et figure titulaire dans l’équipe type du National. Pour MO il revient sans langue de bois sur son parcours atypique.

Main Opposée : Simon, comment se sont passés tes premiers pas dans le football ?

Simon Pontdemé :  J’ai commencé très jeune à Nanteuil, à côté de Niort dans le club de mon papa. Puis en benjamin je suis parti aux Chamois. Je jouais en attaque et on tournait à tour de rôle dans les buts. Dans mon équipe il y avait le fils d’Albert Rust alors il venait nous voir jouer… Puis quand mon tour fut passé il me conseilla de participer à des spécifiques gardien. Cela m’a beaucoup plu, je suis donc resté dans les buts mais je ne touchais pas beaucoup de ballons car dans ces catégories jeunes on écrasait tous nos adversaires. Je me suis davantage éclaté à partir de 13-14 ans quand on jouait dans les grands buts et contre des équipes comme Nantes, Bordeaux etc. 

MO : Tu as donc participé à toutes les catégories jeunes aux Chamois jusqu’aux sélections en équipe de France U17 et U19 ?

SM :  Oui, j’ai à mon actif une dizaine de sélections nationales et environ la moitié comme titulaire. J’y côtoyais des gardiens comme Kevin Olimpa, Johny Placide et parfois Yohann Thuram. Puis je participe à l’Euro U19 comme doublure de Johann Carrasso qui remplaçait Anthony Scribe blessé .

MO : Au retour de l’Euro tu signes ton premier contrat professionnel et joues titulaire en Ligue 2 à seulement 19 ans. Raconte-nous cette ascension précoce.

SM : Vers 16-17 ans déjà  j’intégrais parfois le groupe pro puis en 2006 je fais partie de l’effectif en tant que troisième gardien. Je participe alors à mon premier match de Ligue 2 puis effectivement la saison suivante je suis titulaire à 19 ans .

MO : Malheureusement le club n’a pas de bons résultats et va connaître deux descentes successives. Quelles sont tes performances sportives en Ligue 2 puis National et comment vis-tu ces deux relégations ?

SM :  En Ligue 2 j’étais entouré de David Klein et Kevin Aubeneau sous la houlette de Jean-Pascal Singla (l’entraineur des gardiens ndlr). J’ai fait un très bon début de saison, mes prestations étaient remarquables mais malheureusement les résultats de l’équipe ne suivaient pas. La saison avançant, nous étions dans une situation délicate en manque de points et c’ est vrai que, sans être mauvais, j’étais de moins en moins décisif alors le coach a voulu apporté davantage d’expérience. David Klein a donc joué les 5-6 derniers matchs mais cela n’a pas suffi. Du coup, l’année suivante en National, à 20 ans j’étais un des cadres de l’équipe, j’étais un peu le chouchou, le fils du club. Là aussi je réalise un excellent début de saison mais là encore les résultats de l’équipe ne sont pas bons du tout puis je me blesse et je rate plusieurs rencontres. A mon retour, malgré mes bons matchs on descend en CFA et c’est un véritable déchirement. Le club avait mis la génération 88 dans le grand bain, mais on était trop jeune sans argument pour se sauver.

LIGUE 2 CHAMOIS NIORTAIS vs BREST PONTDEME
Simon Pontdemé en Ligue 2 avec Niort Photo : Chamois Niortais

MO : Malgré cette descente, le Stade Brestois, pensionnaire de Ligue 2, te remarque. Quel challenge te propose ce club ?

SM : Je signe un contrat de deux ans comme doublure de Steeve Elana qui arrive en fin de contrat et n’est pas sur d’être prolongé. Pour moi Steeve est un exemple, je suis jeune et je donne tout à l’entrainement pour le concurrencer. Lui se gère, par contre en match il est extraordinaire, il termine meilleur gardien de Ligue 2 et il est un acteur prépondérant de la montée. Je joue uniquement les matchs de coupes et on fait une bonne campagne en coupe de la Ligue. L’année suivante arrive Gaëtan Deneuve en provenance de Chateauroux. La hiérarchie entre nous deux n’est pas établie, alors je demande à jouer davantage en CFA2 pour être au top si je dois remplacer Steeve. Le deal n’étant pas vraiment respecté, au mercato hivernal je décide de faire un gros forcing pour quitter le club .

MO : Tu atterris alors à Auxerre, autre club de Ligue 1 mais beaucoup plus prestigieux. Comment se passe ton intégration ? 

SM :  J’arrive dans un autre monde. L’AJA venait de se faire éliminer en Ligue des Champions après avoir joué contre le Real Madrid, le Milan AC et l’Ajax Amsterdam. Je débarque avec ma petite Audi A3 sur le parking au milieu des Porsche, des Cayenne et des X6. Olivier Sorin, Cédric Hengbart et Jérémy Berthod m’accueillent en chambrant ! Je dis à Jérémy “Pourquoi tu rigoles toi ? Tu as la même voiture ! ” Il me répond ” Oui mais moi c’est une RS3 ! ” On en a longtemps rigolé… Je suis doublure d’Olivier Sorin en tant que joker médical suite à la blessure de Rémi Riou. Je reste donc sur le banc les six premiers mois, tout se passe bien même si ne pas jouer me pèse un peu.  Puis l’année suivante je me retrouve troisième gardien derrière Olivier Sorin et Donovan Léon. Ils ne comptent pas sur moi, j’ai quelques touches en Ligue 2 et National mais je reste, je m’accroche, je veux prouver. Puis ma relation avec l’entraîneur des gardiens se dégrade, nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde et nous avons une vision différente du poste. Je ne joue donc qu’en CFA, l’année se passe mais cela restera comme le plus mauvais souvenir de ma carrière .

MO : Comment rebondis-tu après cette saison noire ?

SM :  Je coupe littéralement. Je reste six mois au chômage. Je traîne un peu dans Niort puis Fabien Safanjon, qui travaillait à l’UNFP, le remarque et me secoue un peu en me disant “Tu as jusqu’à fin Janvier pour trouver un club, il va falloir t’activer là !” Je contacte alors les Chamois et m’entraîne avec eux jusqu’aux fêtes de Noël. Je suis chez ma belle famille à Deauville pour le réveillon quand le club du Havre m’appelle pour me proposer un contrat d’un an et demi pour être doublure de Zacharie Boucher suite au départ de leurs deux autres gardiens Johnny Placide et Brice Samba .

MO : Comment se passe ton expérience Havraise ?

SM : Globalement cela se passe bien même si je ne joue que quelques matchs en Ligue 2 car Zacharie Boucher fait une excellente saison et termine meilleur gardien du championnat. Je dois avoir un don pour pousser les gardiens numéro 1 à être performants (rires).

MO : A la fin de ton contrat tu revis une autre période creuse. Que se passe-t-il exactement ?

SM : J’ai quelques offres mais rien qui ne m’emballe vraiment. Alors quand le mercato se termine et que je n’ai rien, je coupe mon téléphone, je rentre chez moi à Niort, j’en ai vraiment ras le bol ! Je joue alors sur le terrain avec mon frère en deuxième division de district coaché par mon pote Philippe Ospital qui me donne aussi en parallèle des cours de Tennis. Mais une fois ce coup de blues passé, le foot me manque énormément. Alors je recontacte une nouvelle fois les chamois, je m’entraîne avec la réserve et je retrouve Jean-Pierre Andres qui m’a suivi toute ma période Niortaise.

MO : Tu signes ensuite au Mans en CFA2. Pourquoi ce choix et comment cela se passe ?

SM : Je devais trouver un club avant le 31 Janvier. Une saison blanche et je risquais d’être reclassé amateur. Conscient de ma position délicate, Steeve Elana alerte Alexandre Clément, le coach Manceau, qui me dit franchement : “Je cherche un gardien, tu n’as pas de club, tu n’as pas le choix tu dois venir chez nous !” Je signe donc quatre mois au Mans, je vis là-bas une belle aventure humaine. Je rencontre des supporters incroyables. Malheureusement je fais des prestations moyennes, je n’arrive pas à être décisif et je ne me l’explique pas. Avec mon statut les gens attendaient beaucoup de moi, peut être que mentalement je n’étais pas prêt à relever le défi. On rate la montée et c’est vraiment un grand regret.

MO : Avec ton niveau du moment comment un club de National comme Chambly peut-il te recruter ?

SM : C’est simple, Alexandre Clément les appelle et leur dit que je suis un gardien de Ligue 1 et qu’ils doivent absolument me prendre. Il survend mes mérites et ça fonctionne. Mais je n’arrive pas en terrain conquis car il y a déjà deux excellents gardiens : Thomas Aupic et Jessy Rodrigues. Le coach a un discours franc et direct : C’est moi qui débute la saison mais au moindre faux pas Thomas Aupic prend le relais. Dès le premier match le compétiteur qui sommeille en moi reprend le dessus et je fais une saison aboutie, je termine troisième meilleur gardien. Je suis vraiment épanoui sur le terrain et dans ma vie privée. J’habite à Paris avec ma femme, tout va bien pour moi.

Photo : Les 3 villes Soeurs
Simon Pontdemé à Chambly Photo : Les 3 villes Soeurs

MO : Puis cette saison, ta deuxième à Chambly, tu es élu meilleur gardien aux trophées du National et titulaire de l’équipe type. Quelles sont les qualités qui t’ont permis de remporter ces distinctions ?

SM : Ce trophée remis par Ronan Le Crom m’a fait énormément plaisir. Je l’ai dédié à mon ami Youcef Touati malheureusement décédé en Mars. En ce qui concerne mes qualités je pense être un gardien vif, explosif bon avec les pieds et dans le jeu aérien. 

MO : As-tu aussi quelques défauts ?

SM : Je suis râleur et très mauvais joueur ! Au grand dam de mes coéquipiers je suis le premier à tricher à l’entrainement pour gagner les petits jeux !

MO : En prenant de l’âge quels sont tes secrets pour rester aussi explosif et spectaculaire ?

SM : Je fais du gainage et des abdos au quotidien. Pas trop de musculation car ce que tu gagnes en puissance tu le perd en vivacité. Et puis Kamel Bouzid, mon entraîneur des gardiens, m’a parfaitement cerné et prépare des séances pour tirer profit au maximum de mes qualités, même si malheureusement on ne se voit que le lundi, mercredi et jour de match.

MO : Avec ce trophée tu dois avoir de nombreuses sollicitations ? Seras-tu toujours à Chambly la saison prochaine ?

SM : J’ai encore deux ans de contrat et je me sens très bien ici, le club grandit chaque année. Une chose est certaine je ne partirai pas dans un autre club de National mais bien évidemment si on me propose un challenge intéressant en Ligue 1 ou Ligue 2 je vais réfléchir.

MO : Que penses-tu du traitement médiatique qu’a subi Hugo Lloris après son erreur face à la Suède ? Cela t’est t’il déjà arrivé ?

SM : Je suis admiratif  de ce que réalise Lloris depuis plusieurs années. Il a été très souvent décisif pour l’équipe de France alors quand il se troue ça fait vendre…  Mais je trouve cet acharnement inutile ! Cela m’est arrivé cette année, face à Sedan je suis responsable de notre défaite 1 à 0, et le coach ne m’a pas épargné dans les médias…. J’ai été touché dans mon orgueil et ma fierté alors les deux ou trois matchs suivants j’ai cherché à faire des choses que je n’avais pas l’habitude de faire. Grosse erreur, pour être performant il faut rester soi-même et continuer à faire ce que l’on sait, c’est ce que j’ai appris de cette situation délicate.

MO : Quel style de gardiens apprécies-tu en France et à l’étranger ?

SM : Je ne vais pas être original en te disant Neuer, Buffon, Courtois, De Gea ou Oblak. En France pour moi le meilleur c’est Costil, j’aime bien son profil. Il a un très bon jeu au pied, une excellente volée couchée, il est explosif et très performant dans les duels. Il a beaucoup travaillé avec  Christophe Revel et Olivier Sorin ces sorties ” à l’Allemande ” et même si au début il ne les utilisait pas forcément toujours à bon escient il a eu le mérite de persévérer  et aujourd’hui il maîtrise parfaitement les situations. Je pense qu’avec Bordeaux il va passer encore un palier.  J’aime aussi beaucoup Benjamin Lecomte, il arrive à englober vitesse, explosivité et puissance ce qui n’est pas évident.

Photo : FFF
Simon Pontdemé avec Chambly Photo : FFF

MO : Qu’as-tu pensé du trio de tête composant les Main Opposée d’Or 2016/2017 ?

SM : Neuer est pour moi le meilleur gardien au monde mais sur ses performances de l’année je ne le mets pas sur le podium. Mon classement serait Buffon, Courtois et Oblak.

MO : Avec quelle paire de gants joues-tu ?

SM : À 17-18 ans je jouais en HO Soccer puis depuis l’euro U19 Ulhsport me sponsorise. Jusqu’à l’année dernière je jouais en rollfinger et depuis cette année j’ai adopté la couture négative. La mousse est plus fine, j’ai un meilleur contact avec le ballon, j’aime être serré dans mes gants et sous la pluie ils sont plus légers alors je ne les perds pas. J’apprécie beaucoup.

Quels sont tes loisirs en dehors du foot ?

SM : Je ne suis pas trop vie nocturne, pas trop boite de nuit. Je préfère aller boire un verre avec mes potes Richard Socrier et Freddy Rocher dans Paris, aller au cinéma ou faire le touriste au sacré coeur et à la tour Eiffel. J’aime aussi passer du temps à Deauville chez ma belle famille et au Mans chez James Fanchone dans sa jolie maison avec piscine. Je suis aussi casanier, j’aime regarder la télé et jouer à Foot manager, notamment avec Steeve Élana, c’est à chaque fois fou rire garanti !

MO : Un dernier mot pour les lecteurs de MO ?

SM : Pour les plus jeunes, il faut jouer, le foot est primordial pour s’exprimer, pour s’épanouir avec ses copains. Pour les plus âgés ils peuvent s’inspirer des interviews des gardiens professionnels mais ne pas les copier. Il faut prendre du plaisir, ne rien lâcher, assumer ce que l’on est et ne pas chercher à tricher, à s’inventer des arrêts. Rester soi-même et respecter le poste. 

 

Toute l’équipe de MO remercie Simon Pontdemé pour sa gentillesse, sa simplicité et lui souhaite de retrouver la Ligue 2 voir la Ligue 1 avec Chambly ou un autre club.

Photo de couverture : Eric Cremois

News Feeds
Rejoins la communauté
Articles récents
Si tu souhaites recevoir du contenu exclusif, souscris à ma newsletter :
Haut de la page
Partages