D’un début prometteur à un ras le bol du foot, Matthieu Pichot, actuel portier des Herbiers (National) est revenu sur l’ensemble de sa carrière pour Main Opposée. Entre Bretagne et Corse, récit d’une carrière à rebondissements.
Main Opposée : Bonjour Matthieu, pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour les lecteurs de Main Opposée ? À quel âge et où avez-vous commencé le football ? Étiez-vous déjà gardien ou est-ce venu plus tard ?
Matthieu Pichot : Je suis Matthieu Pichot, gardien de but de 27 ans au Vendée Les Herbiers Football évoluant en National. J’ai commencé le foot vers 5 ans et demi au club de Château-Gontier en Mayenne d’où je suis originaire. Ce n’est que vers l’âge de 11 ans que je suis devenu gardien. J’ai dû essayer à peu près tout les postes mais je n’était pas très bon… (rires) et un jour je suis allé dans les buts lors d’un entrainement et ça m’a tout de suite plu.
MO : Vous débarquez à Laval en 2006, vous êtes alors âgé de 17 ans. Le club vient d’être relégué en Ligue 2. Quel était votre objectif en débarquant chez les Tangos ?
MP : Je suis allé à Laval dans le but de poursuivre ma progression et de rentrer au centre de formation pour essayer de devenir professionnel car c’était mon rêve depuis gamin.
MO : Trois ans plus tard, l’équipe fanion a retrouvé la Ligue 2 et vous disputez cette saison-là vos premiers matchs en professionnel et notamment le premier en Coupe de la Ligue face à Ajaccio suite à la blessure d’Arnaud Balijon. Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez foulé la pelouse de François Coty ?
MP : Je me souviens encore de ce match, Arnaud se blesse à la fin de la 1ère mi temps et je rentre pour jouer la 2ème. J’étais à la fois très content et nerveux de commencer mes débuts en professionnel. On avait malheureusement perdu 2-1.
MO : Vous prenez donc ensuite place dans la cage de Laval pour les 9 premiers matchs de championnat. La pression n’a-t-elle pas été trop dure à supporter du haut de vos 20 ans ?
MP : Le club venait de remonter en Ligue 2 et je commençais la saison. Il y avait un peu de pression forcément mais je sentais une grande confiance de tout le club envers moi.
MO : Le club termine sa saison à la 8ème place. Avez-vous eu des propositions de quitter Laval ?
MP : Non il me restait un an de contrat à Laval. A la fin de cette première saison, le club me propose de prolonger et de me prêter la saison suivante en National pour avoir du temps de jeu. J’étais emballé mais mon agent de l’époque a refusé sans m’en avoir touché un mot…
MO : La saison suivante, vous participez à 7 rencontres et notamment les 6 dernières. Vous participez à un total de 9 matchs en comptant la Coupe Nationale. Ce rythme de jeu vous convenait-il ?
MP : La 2ème saison où j’ai disputé 7 matchs plus la coupe de France, le club me propose de prolonger. Soit en passant numéro un si Arnaud partait ou en numéro 2 s’il restait. Le temps de jeu ne me convenait pas, je ne voulais pas rester en tant que numéro 2. Arnaud prolonge et je décide donc de ne pas prolonger.
MO : À l’issue de la saison, vous quittez Laval pour une place de titulaire dans l’équipe des Herbiers, alors simple pensionnaire de CFA. Quel(s) motif(s) ont encouragé cette décision ?
MP : Je n’ai pas trouvé de club de National ou de Ligue 2 comme je l’espérais, j’étais dégoûté du foot et des agents malgré mon jeune âge, je ne voulais plus en entendre parler. Ce n’est que fin août, début septembre que le club des Herbiers me contacte. Au début je ne voulais pas, mais des copains du centre de formation de Laval jouaient là-bas et m’ont convaincu.
MO : La fin de la saison sera ponctuée par une 6ème place. Ce bilan vous convenait-il ? Quelles différences vous ont le plus marqué lors de ce retour au monde amateur ?
MP : J’ai finalement bien fait car cette année aux Herbiers m’a réconcilié avec le football.
MO : Après cette pige d’un an, vous rejoignez le Poiré-sur-Vie, club “ennemi” des Herbiers et qui a acquis un an auparavant une montée en National. Bien que compréhensible sur le plan sportif, ce transfert n’a-t-il pas suscité chez vous une forme de “trahison” ?
MP : Lorsque je dis au club des Herbiers que je vais signer au Poiré-sur-Vie, ça été un peu compliqué mais ils ont très bien compris que c’était uniquement pour une progression sportive, le club n’a pas fait d’histoire.
MO : Vous passez ainsi 3 ans là bas, trois années rendues heureuses grâce à deux épopées en Coupe de France et notamment une élimination en 8ème de finale face à l’AJ Auxerre, alors pensionnaire de Ligue 2. Vous êtes passé à un tir au but de l’exploit. Que retenez-vous de cette campagne ?
MP : Ce furent 3 belles années au Poiré-sur-Vie avec des hauts et des bas. La 1ère année on rate de peu la montée en passant 7 mois sur le podium et je termine meilleur gardien de national. Une belle aventure en coupe de France où on se fait éliminer en 16ème en banlieue Lyonnaise. La 2ème année fut très difficile collectivement et personnellement. La 3ème année on rate de peu l’exploit en 8ème de finale. On avait fait un beau parcours, c’était rageant de perdre aux tirs au but mais c’est le foot.
MO : Au bout de ces 3 ans, vous décidez de rejoindre le CA Bastia qui évolue en National. Vous retrouvez donc ce championnat qu’a quitté Le Poiré suite à une rétrogradation administrative. La déception devait être énorme chez vos coéquipiers ? Au bout d’une saison riche en rebondissements, vous évitez in-extremis la relégation avec les corses. Quel bilan tirez vous de cette saison ?
MP : Le club de Poiré décide de ne pas repartir en National, il faut donc trouver un club. Ça a été une période très délicate car il me restait un an de contrat et donc je ne m’étais pas préparé du tout à changer de club. On en parle souvent avec des anciens du club, on a eu beaucoup de mal à digérer cet épisode… Je signe au CA Bastia, ce fut une année compliquée sur le plan sportif car on prenait le bus pour aller jouer nos matchs à domicile (à Porto Vecchio). On se maintient finalement à 2 journées de la fin. A part ça, j’ai passé une super année ou j’ai rencontré de belles personnes et énormément appris à relativiser sur le football. Et puis la Corse pour jouer au foot c’est quand même le pied, il y a pire.
MO : Vous changez de club à nouveau, et vous revenez aux Herbiers. Pourquoi un tel retour dans le club que vous avez quitté auparavant pour le rival ? Vous avez aujourd’hui un rôle de grand frère auprès de vos coéquipiers, puisque vous avez connu le haut niveau. Comment gérez vous ceci ?
MP : Je suis revenu aux Herbiers pour raisons personnelles, pour me rapprocher de ma famille et surtout de ma femme qui ne vivait pas avec moi en Corse… Je connaissais déjà le club, la région… J’essaye d’aider les jeunes avec mon expérience de niveau national. Je ne suis pas un grand bavard en public, je préfère parler en petit comité quand j’ai quelques chose à dire, ça passe toujours mieux je trouve.
MO : Du haut de vos 27 ans, titulaire en National, peut-on encore rêver de finir un jour titulaire en L1 ou ça vous semble être inaccessible ?
MP : Titulaire en Ligue 1 me parait quasiment impossible maintenant même si dans le football tout peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre. Mais je suis lucide, retrouver la Ligue 2 est mon objectif. J’espère y arriver d’ici la fin de ma carrière…
Toute l’équipe de Main Opposée remercie Matthieu Pichot pour sa sincérité ainsi que sa disponibilité et lui souhaite une très bonne fin de saison avec les Herbiers !