La Hollande, petit pays mais grande nation européenne. Malgré sa petite superficie et sa faible population, les Pays-Bas n’en réussissent pas moins à tenir la dragée haute à ses puissants voisins. Leur histoire footballistique en est la plus belle illustration, les Oranjes étant triple finaliste de la Coupe du Monde et vainqueur d’un championnat d’Europe. Ce joli palmarès tient aux nombreux talents qui ont vu le jour aux Pays-Bas, mais aussi à un style de jeu qui a révolutionné le football de l’époque : le football total. Si l’équipe nationale a connu de grands noms à tous les postes, celui de gardien ne fait pas exception. Trois portiers viennent à l’esprit : Jan Jongbloed, double finaliste de la Coupe du Monde (1974 & 1978), Van Breukelen, la légende des années 1980, et Edwin Van der Sar. C’est l’histoire et le parcours de ce dernier que nous allons aujourd’hui retracer.
Né le 29 octobre 1970 à Voorhout – une ville entre Amsterdam et La Haye – Edwin Van der Sar fait ses classes de football à Foreholte, puis rejoint la localité voisine de Noordwijk où il joue une année en équipe première avant de se faire recruter par l’Ajax Amsterdam en 1990.
Si durant sa première saison, le jeune gardien dispute 9 rencontres, il ne parvient pas à convaincre ses dirigeants et passe l’exercice suivant sur le banc. Toutefois, la donne change et dès la saison 1992-1993. Il s’impose dans l’effectif en jouant 25 matchs. Edwin Van der Sar devient alors un incontournable des cages du club de la capitale, avec entre 45 et 50 matchs disputés lors des six saisons suivantes.
Sa saison 1994-1995 se conclue magnifiquement, puisque le gardien alors âgé de 25 ans remporte une Ligue des Champions face à l’AC Milan (mais perd la finale suivante face à la Juventus), ainsi que différentes coupes comme la Supercoupe de l’UEFA, ou celle des Pays-Bas qui s’ajoutent à son palmarès. Il joue également un grand rôle dans les nombreuses victoires de son club sur la scène nationale, remportant 4 titres de Champion des Pays-Bas. Il est également élu meilleur gardien néerlandais quatre années consécutives, de 1994 à 1997, et s’offre même le luxe d’inscrire un but sur penalty en 1998 lors d’une victoire 8 buts à 1 face à De Graafschap.
Remarquable en club, il fait également ses débuts en équipe nationale dès 1994, même s’il ne connaît sa première sélection que l’année suivante. Il s’impose très rapidement, et représente son pays durant l’Euro 1996 (élimination aux tirs au but en quart-de-finale face à la France) et la Coupe du Monde 1998, durant laquelle les Oranjes se voient barrés la route de la finale par le Brésil, champion du monde en titre (3-2).
Auréolé de ses superbes performances amsterdamoises, Van der Sar décide de rejoindre la Juventus de Turin à l’été 1999. Cette aventure italienne ne réussit pas du tout au gardien néerlandais. Malgré 88 matchs en deux saisons ne convainc ni les dirigeants, ni les supporters. Coupable de plusieurs erreurs, son sort est scellé. En 2001, il laisse la charge des filets turinois à un certain Gianluigi Buffon et se dirige vers la Premier League en intégrant l’effectif de Fulham. Ici aussi, et malgré sa participation à la plupart des matchs de son équipe, le portier hollandais ne montre pas le meilleur de lui-même et ne prend pas beaucoup de plaisir à jouer. Durant cette période, il ne remporte aucun trophée majeur.
En sélection, il rencontre également certaines difficultés. Lors de l’Euro 2000 organisé conjointement par la Belgique et les Pays-Bas, la malédiction des tirs au but poursuit les Oranjes. Le revers en demi-finale face à l’Italie ne fait que rappeler de mauvais souvenirs aux supporters hollandais, ceux des deux défaites en 1996 et en 1998 lors de séances de penalties. Malgré ces bonnes performances, l’équipe nationale n’arrive pas à se qualifier pour la Coupe du Monde 2002 et s’incline face au Portugal et à l’Irlande.
C’est à un peu plus de 250 kilomètres de Fulham qu’Edwin Van der Sar trouve finalement son bonheur en 2005, en signant à Manchester United. Et loin des difficultés des dernières saisons, le Néerlandais fait parler son talent et devient une référence à son poste. Les supporters lui attribuent alors le surnom de Van der Save (arrêt en anglais) et Sir Bobby Charlton ira même jusqu’à déclarer au sujet du portier batave : “Il est peut-être le meilleur gardien que Manchester United n’ait jamais eu, mais nous avons aussi eu Schmeichel. Mais Van der Sar est unique.”
Et quelle meilleure réponse à la malédiction qu’il a connu en sélection que de remporter des trophées en arrêtant des penalties ? Que ce soit en 2007 lors du Community Shield où il intervient avec succès détournant trois penalties, ou l’année suivante en finale de Ligue des Champions cette main ferme sur le tir d’Anelka qui lui permet de soulever sa deuxième coupe aux grandes oreilles, son importance dans l’effectif mancunien se fait sentir à chaque match et Van der Sar répond présent dans les grands rendez-vous. En six saisons à Manchester – il quitte le club en 2011 – Van der Sar aura disputé trois finales de C1 (1 victoire, 2 défaites), et 4 remporté titres de Champions d’Angleterre. Des titres individuels lui sont également décernés comme ceux de meilleur gardien européen.
En sélection, loin des errements de la Coupe du Monde 2002, les Pays-Bas réussissent un bon Euro 2004 mais s’inclinent en demi-finale face au Portugal. Le gardien hollandais se fait remarquer lors de cette compétition en arrêtant un penalty en quart de finale. Mais approchant de la quarantaine, il prend sa retraite internationale après l’Euro 2008.
En 2011, après une grosse vingtaine d’années passées sur les terrains, le portier légendaire décide finalement de prendre sa retraite sportive. Cette nouvelle étape de sa vie est marquée par un retour aux sources, puisqu’il est désormais directeur marketing de l’Ajax Amsterdam.
Ses gênes footballistiques ne l’ont toutefois jamais quitté. Preuve en est sa participation à un match en 2016 avec l’équipe de sa jeunesse, Noordwijk, occasion pour Edwin Van der Save de renfiler ses gants, le temps d’arrêter un nouveau penalty et de nous montrer encore une fois sa classe éternelle.
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– par Guillaume Schwerkolt –
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photo de couverture : Getty Images