MO Bio – Jérémie Janot, petit mais costaud

Nouvelle saison, nouvelle série, Main Opposée vous propose de revenir chaque mardi sur la carrière de légendes et artistes du poste de gardien. Aujourd’hui, le plus célèbre des gardiens stéphanois : Jérémie Janot.

Gardien emblématique de l’A.S Saint-Etienne durant 16 ans avec plus de 420 matchs professionnels au compteur, Jérémie Janot a toujours fasciné par son excentricité, son explosivité et son style si particulier qui lui ont valu la réputation de gardien spectaculaire avec ses 80 centimètres de détente sèche.
Pourtant, rien n’a été facile pour l’ancien portier stéphanois. Le valenciennois d’origine incarne parfaitement les valeurs de travail qui lui ont permit d’accéder au plus haut niveau. Avec un petit gabarit d’un mètre soixante-seize, il n’a pas toujours été facile pour lui de se maintenir parmi les plus grands dans un milieu où la taille reste l’un des critères de sélection.

LA DECOUVERTE DU POSTE

« Mon métier c’est pas footballeur, c’est gardien de but. »
(1977-1997)

Né le 11 octobre 1977 à Valenciennes, Jérémie Janot a été depuis son plus jeune âge attiré par les terrains de football mais surtout… par les cages. A plusieurs reprises, l’ancien portier s’est exprimé sur son attachement pour ce poste si particulier qu’il affectionne tant. Un amour inconditionnel qu’il amènera à déclarer “Je suis né gardien du but[…], j’ai ça en moi, c’est dans mon sang, j’ai toujours été gardien de but, je déteste jouer sur le champ, prendre une frappe à bout portant je trouve ça jouissif. C’est dans mon ADN […]”

Gardien de l’U.S Valenciennes-Anzin jusqu’à la catégorie -15 ans, le jeune portier se voit évincé en raison de son petit gabarit jugé insuffisant pour le haut niveau. Cette année-là (10 juillet 1993), Jérémie Janot emménage dans la région stéphanoise accompagné de ses parents et intègre tout de même le centre de formation de l’A.S.S.E dans la foulée grâce à une lettre de recommandation destinée à Alain Blachon, directeur du centre de formation de l’ASSE. Il parvient à gravir les échelons années après années et s’imposer pour enfin disputer son premier match professionnel en 1997 face à Toulon (Ligue 2).

Source : Youtube

LES DÉBUTS

(1998-2003)

En 1999, le club stéphanois est champion de D2 mais Jéremie Janot (21 ans) n’est pas encore titulaire dans les buts stéphanois (seulement 9 matchs disputés cette saison-là). Le jeune portier disputera la saison suivante son premier match de D1 contre Montpellier (5-4) et sera reconduit à 4 autres reprises sans parvenir à s’imposer en tant que numéro 1.

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Malheureusement, L’A.S Saint-Etienne sera rétrogradé en D2 la saison suivante, une année noire pour le club forézien où le gardien nordiste sera titularisé à 14 reprises, une place de titulaire qu’il partagera avec Maxym Levytski tout au long de la saison. De 2001 à 2003, c’est le purgatoire pour les verts qui lutteront pour éviter la relégation en National avec un Jérémie Janot qui parviendra à s’imposer pas à pas dans les buts stéphanois au détriment de Dominique Casagrande (fracture à la main dans un premier temps, puis relégué sur la banc à son retour) mais le meilleur reste à venir pour J.J qui se verra accordé la confiance de Frederic Antonetti. L’entraîneur avait d’ailleurs déclaré à Jérémie Janot : “Un gardien ne se mesure pas en centimètres, mais au nombre de points qu’il rapporte.”

L’ENVOL

(2003-2005)

La saison 2003-2004 est celle de la consécration pour Jérémie Janot, élu meilleur gardien de Ligue 2 et de nouveau sous les feux des projecteurs grâce au titre de champion acquis cette année-là, il parviendra à s’imposer comme l’un des meilleurs gardiens de L1 avec notamment la plus longue série d’invincibilité à domicile : 1534 minutes sans encaisser le moindre but dans le chaudron (de novembre 2004 jusqu’au… 21 septembre 2005) soit plus de 24 heures ! A souligner que cette performance n’a encore jamais été égalée en Ligue 1…

LE SENS DU SPECTACLE

L’emblématique gardien stéphanois se fait également remarquer en portant des tenues pour le moins excentriques conçues par lui-même et le sponsor de Saint-Etienne, Duarig. De Spider-man en passant par le camouflage militaire, le plus petit gardien de L1 devient la coqueluche du public stéphanois grâce à ses performances, mais aussi son sens du spectacle qui lui permettent de créer une réelle complicité avec les supporters verts.

Source : Youtube

LE FOOTBALL MAIS PAS QUE

Véritable adepte des Arts Martiaux Mixtes (MMA), Jérémie Janot est un passionné. Une passion qui l’amène régulièrement à s’entraîner par pur plaisir avec les plus grands professionnels du domaine (Vincent Parisi, Bertrand et Karl Amoussou…). Une pratique qui selon lui est un “formidable exutoire car il permet d’oublier les tracas que peut causer le métier de footballeur comme la pression constante que l’on subi”.
Le tatouage si situant à l’arrière du crâne du portier en est d’ailleurs la preuve. Fan du combattant brésilien Wanderlei Silva, le gardien stéphanois s’est tatoué à l’identique le tribal que porte son idole.

Interviewé par PoteauxCarrés, le portier avait même confié s’entraîner secrètement :
“Bon, même si on ne doit pas trop le dire haut et fort je suis allé faire de la boxe thaï dans la région de Saint-Etienne avec un prof que j’ai rencontré aux entrainements et avec qui je m’entraîne en individuel. J’avoue préférer les cours collectifs mais je ne peux pas trop car si des rumeurs naissent sur un entraînement permanent là bas et que mon club de l’ASSE l’apprend, ça pourrait me porter préjudice.”

(Source : Youtube)

LA CONFIRMATION

(2006-2010)
“Souvent touché, jamais coulé”

Dès la saison 2006-2007, Jérémie Janot devient l’un des gardiens références du championnat de France de L1 par sa régularité et ses performances. C’est un gardien qui ramène des points lors de matchs charnières, une spécialité dans la carrière du gardien stéphanois. On pense notamment à sa passe décisive face au FC Nantes (2-2) dans les derniers instants de la rencontre ou ses exploits héroïques face au PSG de Pauleta. Janot sera également élu meilleur joueur du mois de L1 (trophée remis par la LFP), une performance non-négligeable puisqu’il deviendra seulement le 3ème gardien à recevoir cette distinction (derrière Fabien Barthez et Gregory Coupet). Devenu un véritable pilier au sein du club, le public stéphanois lui rendra hommage lors de Saint-Etienne/Valenciennes :

L’A.S Saint-Etienne retrouvera l’Europe lors de la saison suivante, un évenèmenent quand on pense qu’elle était aux portes du National il y a quelques années. Artisan de cette qualification européenne avec Jody Viviani qui viendra remplacer un Jérémie Janot blessé, les 2 gardiens joueront environ le même nombre de matchs dans la saison. Malheureusement, le club n’étant pas suffisamment armé pour jouer la coupe UEFA, les verts de Jérémie Janot frôleront la relégation en Ligue 2 et Janot, de nouveau blessé, se verra relégué en début de saison sur le banc de touche par Jody Viviani qui a su gagner la confiance de son entraîneur. C’est alors qu’Alain Perrin vient remplacer un Laurent Roussey limogé pour manque de résultats et J.J va retrouver son statut de numéro 1 en signant une performance haute volée face à Lille. Le valenciennois d’origine fait son grand retour en tant que titulaire et parviendra à s’imposer pour sauver le club de la descente en L2.

(Source : Youtube)

Lors de la saison suivante (2009-2010), les verts vivront sensiblement le même cauchemar que la saison précédente. Un maintien décroché avec difficulté, en témoigne cette 17ème place en fin de saison. Jérémie Janot sera tout de même de nouveau récompensé par l’UNFP en reçevant de nouveau un trophée de meilleur joueur du mois (décembre 2009). C’est pourtant un début de saison en dent de scie pour le gardien stéphanois, fautif sur l’unique but du derby se déroulant à Geoffroy-Guichard (0-1), mais il prouvera dès les rencontres suivantes qu’il ne faut pas trop vite l’enterrer… Titanesque à Nancy en réalisant un match de haute volée, il déclarait en fin de rencontre : “J’ai une devise, souvent touché, jamais coulé“. Pour illustrer nos propos, nous pouvons notamment nous référer à son match héroïque face au RC Lens en décembre 2009 (0-1) :

(Source : Dailymotion)

LA FIN DE CARRIERE

(2011-2013)

Relégué au rang de numéro 2 par Stéphane Ruffier (2011-2012) et en manque de temps de jeu, J.J sera prêté en toute fin de saison au FC Lorient puis sera transféré dès la saison suivante au Mans, qui évolue en Ligue 2. Après 16 ans passé dans le Forez, c’est une page qui se tourne pour l’A.S Saint-Etienne et Janot qui demeure l’un des gardiens les plus capés avec 386 matchs disputés sous le maillot vert. Dans une situation financière catastrophique, Le Mans sera lui rétrogradé en CFA et viendra l’heure de la retraite pour Jérémie Janot (35 ans) qui n’aura disputé qu’une seule petite saison dans le club sarthois.

LA RECONVERSION

(2014 à aujourd’hui)

Avant de devenir entraîneur dans le milieu professionnel, Jérémie Janot a fait ses armes du côté de l’US Villars (Loire) où l’ancien portier stéphanois s’est occupé de la catégorie -19ans pour ensuite prendre les rênes du FC Firminy (Loire). Deux ans dans le milieu amateur auront suffit à J.J pour devenir le nouvel entraîneur des gardiens du centre de formation de l’A.S Saint-Etienne qu’il va intégrer dès 2016. Dès la saison 2017-2018, J.J intègre le staff de l’AJ Auxerre (L2) où il exerce toujours en tant qu’entraîneur des gardiens de but professionnels. On l’a bien compris, sa passion c’est les gardiens de buts et visiblement, ce n’est pas prêt de s’arrêter là…

” il vaut mieux se perdre dans la passion que de perdre sa passion” . #teamAJA pic.twitter.com/LIgEJ5eLcO

— Jérémie Janot (@jeremiejanot) 18 août 2018

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