L’œil de MO – Benoît Costil : Décisif, mais hésitant dans ses prises de décisions.

Si l’OM s’est à nouveau incliné en Gironde, Benoît Costil n’y est pas étranger. Auteur de nombreuses interventions, il a été décisif dans ce match qui, comme l’a souligné Thauvin en zone mixte, met fin aux espoirs de podium du club phocéen.

Thierry Barnerat, instructeur FIFA pour les gardiens de but décrypte la performance du portier bordelais. C’est le coup d’oeil  de MO.

“S’il a réussi à défendre son but contre toutes attaques, Benoît Costil a en revanche été très peu performant quand il lui a fallu défendre une zone.

Décisif, il l’a été sur différentes actions :  très solide sur une frappe de Thauvin en fermant l’espace, face à Strootman (45e+1), puis sur une reprise de la tête de Kamara qu’il a dévié au-dessus de la barre. 

Toutes ces situations se réalisent dans un espace-temps court et Costil a su répondre présent. En revanche, quand il s’est retrouvé face à une situation où l’espace-temps est plus long, où le jeu lui impose de défendre une zone, le doute et l’hésitation ont été présents. 

Ainsi, sur le corner frappé par Payet amenant la tête de Kamara, Costil est situé à 3m50 de sa ligne. Si la claquette est de grande qualité et salvatrice pour les bordelais, on est en droit de se demander pourquoi Costil recule vers son but alors que le ballon arrive à l’entrée de ses 6m. En effet, la trajectoire sortante du ballon lui imposait de défendre la zone et son placement de départ, adéquat, aurait dû l’amener à sortir pour s’imposer au duel aérien. 

Par la suite, sur un long ballon renvoyé par la défense marseillaise et contrôlé par Germain à 25m du but bordelais, Benoît Costil fait trois pas en avant puis recule, surpris par le contrôle de l’attaquant phocéen. Sa défense bien revenue, Costil n’est finalement pas inquiété, mais, sur le reculoir, la mauvaise lecture de ce ballon aurait pu lui coûter cher tant il s’est retrouvé hors de position et hors de ses appuis. 

De même, sur un long coup franc indirect excentré frappé rentrant par Payet, Benoît Costil fait d’abord un pas en avant, avant de reculer de trois autres pour se saisir du ballon. Anticipation ? Mauvaise lecture de trajectoire ? Seul le portier bordelais connaît réellement la réponse, mais dans les deux cas, son intervention est à ponctuer d’un bémol.

Enfin, si l’on regarde de plus près le coup franc de Payet à la 31e minute sur lequel Costil boxe le ballon avant d’être heurté par Jovanovic, on remarque deux choses. Tout d’abord, le portier bordelais fait un pas en arrière avant d’attaquer son ballon. Illogique me direz-vous, mais ce sont les chemins moteurs du portier qui l’amène à prendre ce premier appui vers l’arrière. Suite à cela, son déplacement est hésitant, comme s’il peinait à lire la trajectoire du ballon, mais c’est en réalité la stabilité émotionnelle du portier bordelais qui le font transiger. Au final, cette hésitation est aussi à l’origine du choc encaissé par le gardien bordelais. 

Décisif, Benoît Costil l’a indéniablement été lors de cette rencontre. Son explosivité et ses réflexes ont fait merveilles face aux assauts marseillais, mais les détails font la différence, et plus le temps d’analyse aura été long, plus Costil aura été indécis dans sa prise de décision, influençant ainsi le début de son action motrice et l’éloignant par la même de la performance.”

Thierry Barnerat
Instructeur FIFA / ASF
Entraîneur de sport de performance Swiss Olympic

Comme quoi, un clean sheet n’est pas forcément synonyme de match parfait.

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photo de couverture : Girondins 4ever

Benoît Costil, Girondins de Bordeaux, ligue 1, Olympique de Marseille, Thierry Barnerat