Finale de l’Europa League entre l’Olympique de Marseille et l’Atletico Madrid au Groupama Stadium de Lyon, 21h06. On joue la 21e minute lorsque Steve Mandanda reçoit une passe en retrait. Face au pressing d’Antoine Griezmann et Diego Costa venus couper les lignes de passes du portier phocéen en direction de ses deux défenseurs centraux qui se sont logiquement écartés pour offrir une solution à leur gardien, Mandanda voit Zambo Anguissa, à 30 mètres, plein axe, complètement libre de tout marquage. On le sait, une passe dans l’axe n’est pas forcément synonyme de sécurité, mais le milieu marseillais, seul au monde dans un rayon de 5 mètres, est l’option la plus évidente pour Mandanda qui ne souhaite pas allonger, probablement suite aux consignes de son entraîneur de ne pas rendre le ballon trop rapidement aux Colchoneros. Bien mal lui en a pris. Zambo Anguissa manque son contrôle sur cette passe de son portier pourtant dans les pieds et perd le ballon au profit de Gabi. La suite ? Une passe laser du capitaine madrilène pour Griezmann, un contrôle parfaitement maîtrisé et un plat du pied limpide au fond des filets de l’attaquant français. 1-0 pour l’Atletico, cette finale aux airs d’Everest prend des airs d’Annapurna pour les Marseillais.
Si un plat du pied équivaut bien souvent à sécurité, la passe dans l’axe est parfois synonyme de gros danger et c’est encore plus vrai chez les portiers. De ce point de vue, Steve Mandanda aurait pu allonger, chercher la touche, accepter de rendre le ballon à des Colchoneros qui peinent à entrer dans cette finale, ou se débarrasser du ballon de n’importe quelle autre façon. Mais ne l’aurait-on pas alors critiqué pour ne pas avoir cherché à relancer proprement ? A-t-il reçu des consignes spécifiques de son coach Rudi Garcia ? A-t-il surestimé les qualités et capacités techniques de son partenaire camerounais de 22 ans ? Quelle est sa part de responsabilité sur cette action ? Autant de questions qui ont dû tourner dans la tête du portier marseillais depuis qu’il a vu trembler ses filets. Une chose reste néanmoins immuable : le premier devoir du gardien reste de préserver son but et de limiter les risques. Il est l’ultime rempart avant d’être le premier relanceur. En ce sens, on peut estimer que l’international français a failli, qu’importe si sa passe était techniquement bien réalisée.
Mais comment Anguissa a-t-il pu manquer son contrôle à ce point ? Comment le lion indomptable a-t-il pu laisser échapper de telle manière cette passe dans les pieds qu’utilisent si souvent les gardiens de Guardiola ? Diego Costa presse Gustavo, Griezmann sort sur Rami, Gabi est à distance, rien qui ne puisse justifier ce raté, pas même un moment d’anxiété provoqué par le pressing étouffant des hommes de Simeone, puisqu’il dispose d’au moins 5 mètres de marge au moment de la passe de son gardien. La grave erreur technique de l’international camerounais est incompréhensible, impardonnable à ce niveau, et il est difficile de ne pas le pointer du doigt à l’heure d’identifier les coupables.
Rudi Garcia n’a voulu accabler personne en conférence de presse au sortir du match. Rien ne sert en effet d’enfoncer ses joueurs lorsqu’ils viennent de perdre une finale, qui plus est en coupe d’Europe. Les erreurs arrivent tous les jours, pas que pendant les finales. Cependant, on est en droit de penser qu’il ait demandé à ses joueurs de poser le jeu, de relancer court pour repartir de derrière et priver l’Atletico de ballon. Erreur tactique quand on sait que le club espagnol aime courir et laisser le ballon à son adversaire pour mieux le piquer. De plus, Steve Mandanda n’avait qu’une demi-heure de compétition dans les gants après le carton rouge reçu à Guingamp pour son retour sous les bois après deux mois passés sur le flanc. La question semble facile après coup, mais titulariser Yohann Pelé, certes moins fort sur le papier que son coéquipier international, mais en grand forme et auteur de prestations abouties ayant permis aux Marseillais d’atteindre la finale n’aurait-il pas été plus judicieux ? Dur dur d’être un portier !
Le premier but de cette finale est un cadeau dont les joueurs de l’Atletico n’avait probablement pas besoin et nombreuses sont les questions qui restent en suspens dont les réponses sont sans nul doute ancrées dans le seul esprit des acteurs marseillais, mais à l’heure du verdict condamnant les forçats, et ce sera le MO de la fin, Steve Mandanda est tout au plus complice, mais certainement pas seul coupable. On gagne ensemble, on perd ensemble.
Photo de couverture : 20 Minutes