Le MO de la fin – L’incompréhensible boulette de Lloris

Alors que l’Equipe de France se dirigeait vers un match nul terne mais suffisant pour conserver la première et unique place qualificative du groupe pour la Coupe du Monde 2018 en Russie, Hugo Lloris, expérimenté gardien des Spurs et des Bleus, a tiré une balle dans le pied de l’Equipe de France et offert la tête du groupe aux suédois sur une énorme erreur de relance à la dernière seconde. À vouloir relancer propre alors qu’une chandelle devant ou en tribune aurait suffit à mettre un terme au suspense dans la course à la qualification, Lloris a condamné les hommes de Didier Deschamps à réussir un sans faute pour espérer repasser premier et éviter un tour de barrage que la France ne connaît que trop bien (Irlande 2010, Ukraine 2014).

Un coup du sort ou une erreur ?

“Malheureusement il y a eu un coup du sort dans les dernières secondes et j’en suis le responsable. C’est le football. Je garde la tête haute. Des erreurs, j’en ai faites. Je les ai toujours assumées. J’assumerai celle-ci.”

On serait tenté de mettre en valeur le gardien français pour ne pas s’être défilé, mais parler de coup du sort, d’erreur, est quand même un peu léger. Appelons un chat un chat, l’erreur de jugement est monstrueuse, le geste technique catastrophique et les conséquences désastreuses pour le collectif et la qualification au Mondial russe l’été prochain. Pourquoi contrôler cette passe en retrait alors qu’il aurait suffit, tel un demi-de-mêlée, de chercher la touche ? Pourquoi tenter un cadrage débordement sur un attaquant suédois venu presser alors qu’il suffisait d’allonger ?

Il faut reconnaître que la passe en retrait de Sidibe n’est pas un modèle du genre, mais cela ne rend que plus incompréhensible la volonté du portier français de bien relancer. Fort de ses 89 sélections, il a voulu trouver Koscielny plein axe, à ras de terre. Mais à trop chercher la perfection, il a vécu l’humiliation. Le mieux est l’ennemi du bien et Hugo a oublié que la priorité des priorités n’était pas de bien relancer, mais de protéger ses filets. Totalement excentré, il n’a alors plus le temps de revenir pour empêcher Toivonen de transformer l’essai. Une telle erreur à ce niveau, impardonnable pour un gardien de cette qualité.

Souviens-toi l’été dernier

Même s’il est clairement responsable de ce but encaissé à la dernière seconde, doit-on pour autant envoyer Hugo au pilori ? On le sait, le poste de gardien est le plus exposé et il est tellement plus facile de compiler les boulettes de portiers que les ratés des joueurs de champ qu’il serait injuste d’abandonner le capitaine à la vindicte populaire. Son sélectionneur et ses coéquipiers se sont d’ailleurs succédés aux micros pour lui apporter leur soutien, conscients de son apport au groupe et au football français depuis tant d’années, car il serait malhonnête d’oublier les performances passées du portier français, notamment durant l’Euro l’été dernier.

L’erreur est humaine, Hugo l’est aussi. Bien sûr, on l’attend au tournant lors des ultimes étapes qui mènent en Russie, mais on ne lui en voudra pas au-delà de cette nuit, car Lloris est un gardien difficile à haïr ou même détester. La déclaration d’Antoine Griezmann résume parfaitement le sentiment ambivalent qui anime fans et coéquipiers ce matin alors laissons-lui, si vous le voulez bien, le MO de la fin : «Lloris ne mérite pas ça. Il nous a sauvés tellement de fois qu’il avait droit à un petit joker. Il l’a grillé.”

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Photo de couverture : Reuters

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