19 mois après l’hommage de Wembley au peuple français après des attentats à jamais dans les mémoires, c’était au tour du Stade de France d’honorer la mémoire des victimes anglaises de la folie humaine.
C’est donc au son de “Don’t look back in anger ” du mythique groupe mancunien Oasis, interprété par la Garde Républicaine guitare électrique en mains, que sont entrés Hugo Lloris et ses hommes sur la pelouse du Stade de France. Une reprise des frères Gallagher et des hymnes nationaux inversés pour se rendre malheureusement la pareille, mais aussi et surtout pour montrer une fois de plus à quel point le sport et le football peuvent fédérer les peuples. La passion et l’émotion, remèdes contre la folie et l’incompréhension.
La garde républicaine a quitté le terrain, mais le rythme est bel et bien resté sur la pelouse en ce début de match et c’est Lloris qui en fait les frais. Pas d’erreur de relance cette fois pour le capitaine, mais une défense apathique face au mouvement collectif anglais : Sterling et Bertrand se jouent de Sidibe et Pogba avant de servir Kane qui conclue de près du plat du pied (9e) face à son coéquipier, capitaine et portier à Tottenham.
Thomas Heaton, à l’autre bout du terrain, se prend à rêver d’un premier triomphe dans l’hexagone depuis 1997 des hommes de Sa Majesté, mais Giroud (14e), hors jeu, puis Dembélé (16e), à côté, se chargent de lui rappeler que le match est encore loin d’être terminé et c’est finalement le premier nommé qui sera à l’origine de l’égalisation des Bleus.
À la réception d’un coup franc de Lemar, l’attaquant français d’Arsenal s’élève au-dessus de la mêlée et place une tête piquée qui oblige Heaton à une superbe manchette sur sa ligne. Malheureusement pour le portier de Burnley, sa défense a préféré admirer son arrêt qu’empêcher Umtiti d’envoyer le ballon au fond des filets, du pied droit s’il vous plaît !
À peine remis de ses émotions, c’est face à Mbappé qu’Heaton doit alors briller, du pied droit lui aussi, attentif au premier poteau et bien placé (31e) avant de craquer pour la deuxième fois de la soirée, sur un action qui rappelle le premier but français de la soirée : frappe de Dembélé , superbe manchette main droite, une défense bluffée par son gardien et pour la pousser au fond, Sidibe (43e). Encore en défenseur français ! Au diable la défense et la tactique, à défaut de les voir derrière pour encadrer Hugo, on les voit devant, sanctionnant Heaton sur chaque ballon relâché. Spectacle assuré !
Jamais deux sans trois, la deuxième période débute avec un nouveau gardien sur le pré côté anglais, Thomas Heaton étant remplacé par Jack Butland, gardien de Stoke City et pas encore né lorsque le groupe Oasis fut fondé. Il en a cependant sûrement vu la vidéo, tout comme l’arbitre de la rencontre qui s’appuya sur le nouveau joujou de la FIFA pour siffler un penalty et expulser Varane au retour des vestiaires (48e). Lloris part à droite, Kane frappe plein axe, les anglais recollent et Hugo est exaspéré. On devine même un “fait ch…” sur les lèvres du portier français frappant du poing son poteau. Sur ce coup là, Lloris n’est pas très raccord avec le thème de la soirée, don’t look back in anger faut-il le rappeler, mais deux buts encaissés, un jeu au pied toujours pas relâché et toujours pas l’occasion de briller pour la dernière de l’année, il y a de quoi s’énerver.
À l’opposé, Butland a lui tiré les leçons de la 1ère mi-temps de son coéquipier portier. Plutôt que de repousser le ballon pour aller le chercher dans ses filets, il laisse le soin à Mbappé d’enrouler sa frappe sur la barre pour mieux s’interposer devant Lemar (71e). Il est néanmoins lui aussi lâché par sa défense sur la frappe de Dembélé sur laquelle il ne peut que constater les dégâts (78e). 3-2 pour les français à dix contre onze, le score ne bougera plus grâce à un nouvel arrêt de Butland (90e+3), plus actif en une mi-temps que Lloris en une soirée. La dure loi de la vie des portiers.
“Tout ce que je sais de la Vie et des obligations de l’Homme, c’est au football que je le dois“.
La citation bien connue d’Albert Camus a hier pris tout son sens. Certes, Hugo Lloris et l’équipe de France ont fini l’année sur une bonne note, mais hier soir l’essentiel était ailleurs car le match était gagné avant même de débuter.
Le beau spectacle proposé par les deux équipes dans ce match de gala, où il s’en est fallu de peu pour que nos 3 portiers soient encore plus sollicités, était en effet le meilleur message à exprimer aux yeux du monde. Seul le sport et notamment le football sont capables de rassembler et de faire vibrer les peuples à l’unisson dans un élan de solidarité émouvant et sincère symbolisé par ce maillot “We are 1” remis par Didier Deschamps à Gareth Southgate, son homologue anglais. Le proverbe raconte que la musique adoucit les mœurs. Il faut croire qu’hier soir à Saint Denis – et ce sera le MO de la fin – le football aussi.
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Crédit Photo : Getty Images