Opposé à son club formateur dans cette finale du Centenaire, Alexandre Letellier a été étincelant. Sous l’œil avisé d’Alphonse Aréola, adversaire pour un soir mais ex-coéquipier d’entraînement, il a repoussé les assauts incessants du club de la capitale.
Une manchette main droite sur Aurier (9e), une sortie en croix judicieuse face à Matuidi (12e) et face au Matador Cavani, une prise de balle sûre et une sortie dans les pieds pleine d’autorité (13e et 15e), le ton est donné : Alexandre est en mode Le Taulier.
L’orage est passé et Letellier croit même voir ses efforts récompensés à 80 mètres de là lorsqu’Aréola n’esquisse pas le moindre geste sur la puissante volée de Nicolas Pepe, mais la reprise de l’angevin s’écrase sur la base du poteau du gardien parisien, soulagé de voir repartir un ballon qu’il n’avait pas vu passer.
À la mi-temps rien n’est fait et si Angers peut encore caresser le rêve de soulever le trophée Charles Simon, il le doit à son gardien, revenu de blessure il y a à peine deux mois.
Le match est encore long et ses arrêts n’ont toujours pas payé, alors Letellier reprend son envol pour détourner d’une claquette la frappe de Matuidi (56e) et lorsqu’il s’impose à nouveau au pied de son poteau, sur une frappe de Maxwell cette fois-ci (82e), on ne voit guère quel parisien pourrait alors tromper Letellier, revenant illuminé, jusqu’à ce que le ballon, sur un ultime corner au bout des arrêts de jeu ne heurte l’épaule de son défenseur et finisse son vol au fond des filets.
Cruel dénouement pour les joueurs du SCO Angers et terrible final pour Alexandre Letellier, homme du match non récompensé comme parfois les portiers, mais nul n’aurait pu prévoir que Saint-Exupéry ne s’invite à cette finale du fort face au petit pour un final qui rappelle Vol de Nuit :
“Les échecs fortifient les forts. Malheureusement, contre les hommes on joue un jeu où compte si peu le vrai sens des choses. L’on gagne ou l’on perd sur des apparences, on marque des points misérables. Et l’on se trouve ligoté par une apparente défaite.”
Les assauts répétés de l’empire PSG ont fini par payer. Le talent, la détermination et l’envie n’ont pas suffi, mais malgré la défaite, la plus belle des victoires pour Letellier cette saison restera d’avoir joué et sublimé cette finale du Centenaire de la Coupe de France. Oublions donc Vol de Nuit de Saint-Exupéry, et retenons plutôt le MO de la fin que nous laisserons pour une fois au Baron Pierre de Coubertin : “L’important dans la vie ce n’est point le triomphe mais le combat ; l’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu.”
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photo de couverture : Ouest-France