Moqué pour son look improbable, admiré pour sa longévité, voici résumée à la va-vite la carrière de Gábor Király. Le gardien hongrois de 41 ans qui a prolongé son contrat, en avril dernier, avec le Szombathelyi Haladas (Division 1 hongroise) jusqu’en juin 2019 a toujours faim. Une faim de loup.
Professionnel depuis la saison 95/96 au Lombard Pápa TFC, Gábor Király s’est rapidement imposé dans le paysage footballistique européen. Après deux saisons dans le club de sa Hongrie natale, Gábor s’envole pour l’Allemagne au Herta Berlin, le club de sa vie.
Il y restera 7 saisons.
Au cours des presque 600 matchs de sa carrière (il atteindra ce chiffre hors norme avant la fin de son contrat avec Szombathelyi Haladas), le portier hongrois n’a pas remporté beaucoup de titres. Un seul à dire vrai. Une Coupe de la Ligue allemande en 2001 avec le Herta. Peu importe, il a partagé le même maillot que la légende iranienne Ali Daei, Gareth Barry et le prometteur attaquant du Bayer Leverkusen, Kevin Volland.
Au rayon des distinctions personnelles, Gábor Király a reçu le titre du plus bel arrêt de la saison en 2016 pour une claquette main opposée en huitième de finale de l’Euro 2016 face à la Belgique. La Hongrie s’est inclinée 4-0 au terme de ce match malgré une performance exceptionnelle du portier hongrois.
S’il fait partie des rares joueurs à avoir pu participer à une phase finale de compétition internationale dans la peau d’un titulaire à 40 ans, c’est aussi -et malheureusement- à cause du décès en 2015 de Márton Fülöp, son successeur annoncé au poste de gardien de but en sélection ; emporté par un cancer à 32 ans.
Dans un monde où le style passe presque avant tout le reste, Gábor fait figure d’ovni avec son traditionnel pantalon.
À ce sujet, il déclarait: “J’ai joué sur de la terre ou de l’herbe qui étaient gelées en hiver. Cela blesse les jambes à chaque chute, donc porter un pantalon de jogging me semble une évidence” avant de poursuivre qu’il prend toujours une taille au-dessus, histoire de faciliter ses mouvements.
Le port du jogging gris a une seconde signification pour lui.
« Je joue en jogging depuis 1996 à Szombathely. Un jour, les pantalons noirs habituels pour les matchs n’avaient pas été lavés, j’ai été obligé de prendre un gris. On a enchaîné sur une série de 8 ou 9 matchs sans perdre, et on a ainsi évité la relégation. Donc où que j’aille depuis, ces pantalons sont mon porte-bonheur. Et je ne vais pas changer ça maintenant ! »
Depuis qu’il est professionnel, Gábor Király a connu beaucoup de changements dans le football. Il est l’un des derniers dinosaures à avoir vu le football changer. À ses débuts, le gardien avait le droit de prendre le ballon à la main sur une passe en retrait et surtout, il a connu la mise en place de l’arrêt Bosman. Une autre époque.
Pour les plus jeunes, avant l’Arrêt Bosman (qui tient son nom du belge Jean-Marc Bosman) les joueurs en fin de contrat dans un club devaient demander à leurs dirigeants l’autorisation de négocier avec un autre club. Les mêmes dirigeants étaient dans la capacité à demander une indemnité au club qui souhaitait recruter leur joueur en fin de contrat. Autrement dit, quand Zlatan a quitté le PSG libre pour United, il aurait dû demander à Nasser l’autorisation de discuter avec Manchester et le PSG aurait perçu une indemnité de transfert. Inimaginable aujourd’hui.
Cet Arrêt a aussi permis d’arrêter les quotas par nationalité dans les équipes. Les équipes ne pouvaient pas disposer de plus de trois joueurs étrangers par club. Quand on sait qu’il est arrivé à Chelsea d’aligner une équipe sans aucun anglais sur le terrain, on imagine mal les clubs appliquer cette règle en 2017.
Entre l’arrêt Bosman et l’Euro 2016 en France, le gardien hongrois aura vu du pays et fait tomber au moins un record. Devenu à 40 ans et 75 jours, le plus vieux joueur à disputer un match de phase finale dans l’histoire de l’Euro, Gábor, qui a annoncé arrêter la sélection après la compétition de l’été 2016, ne pense pas à la retraite. Fidèle à ses principes, il a déclaré à cette occasion sur son site officiel: “J’ai donné toute mon énergie. Je suis un perfectionniste et je tiens à offrir les meilleures performances, ce qui n’est plus le cas à 40 ans, surtout au vu du niveau de notre sélection. Je suis extrêmement reconnaissant, j’ai reçu beaucoup d’amour. Je reste un inconditionnel de la sélection !”
Dans sa carrière, Király a, à tour de rôle, joué numéro 2 et numéro 1. Il n’a plus joué en 1ère division d’un des cinq championnats majeurs depuis 2006. C’était à Aston Villa mais l’important est ailleurs.
Gábor Király est un joueur ultra capé qui est resté fidèle à lui-même depuis le début de sa carrière. Un joueur à l’ancienne dont l’attitude sur et en dehors, du terrain impose le respect. “Un joueur pour les manuels d’histoire” comme dirait EA Sports.