Analyse réalisée par Thierry Barnerat, expert goalkeeper & vidéo-analyste personnel de Thibaut Courtois.
Arrêt décisif à la dernière seconde, prolongations, tirs au but, les huitièmes de finale de l’Euro 2024 nous ont réservé leur lot de surprises et d’émotions. Si les gardiens de but n’ont pas été équitablement sollicités, ils n’en ont pas moins marqué ce premier tour de matchs à élimination directe. En effet, si les gardiens ont commis 5 erreurs sur les 19 buts inscrits lors des huitièmes de finale, ils se sont montrés 20 fois décisifs à l’heure de défendre leurs buts et 16 fois lorsqu’il s’agit de défendre un espace. Analyse.
Les tenants du titre ont lâché leur trophée, la faute à une Nati inspirée qui n’a laissé que des miettes à son portier Yann Sommer, toujours dans l’impossibilité de se montrer décisif dans le tournoi.
Quant à Donnarumma, s’il porte la responsabilité du but de Vargas, encaissé au retour des vestiaires en raison d’une position dans l’espace défaillante, il quitte le tournoi après 11 arrêts décisifs en 4 matchs.
Surprise du premier tour, la Géorgie s’est offert le luxe de mener au score face aux espagnols avant d’être terrassée par les coéquipiers d’Unaï Simon (4-1).
Le gardien du FC Valence aura tout tenté pour permettre à son pays d’atteindre les quarts de finale mais il n’aura finalement rien pu faire pour empêcher La Roja, meilleure attaque de l’Euro, de poursuivre sa route dans le tournoi.
Digne fils de son père, Kasper Schmeichel devra encore patienter pour rejoindre Peter dans la légende danoise des vainqueurs du championnat d’Europe des Nations.
Sollicité d’entrée par une Allemagne déterminée à poursuivre l’aventure dans son Euro, il aura longtemps permis aux Danois d’espérer avant que la rencontre ne bascule entre un but refusé pour un hors jeu millimétré et un penalty sifflé en faveur des amphitryons dans la foulée.
Malgré le reproche qui peut lui être adressé sur le second but de la Mannschaft – pas dans le rythme de l’action, il aurait dû venir fermer l’espace devant Musiala -, Kasper Schmeichel, vivement critiqué durant son passage à Nice, aura démontré qu’il est tout sauf un fantôme à l’heure de défendre ses filets, lui qui fut décisif à 7 reprises à l’heure de défendre son but durant cet Euro.
Coupable de ne pas être venu fermer l’espace sur l’ouverture du score slovaque, Jordan Pickford peut remercier Jude Bellingham d’avoir remis les comptes à zéro d’un incroyable retourné acrobatique à l’ultime seconde du temps additionnel (90e+5).
L’Angleterre a encaissé deux buts dans le tournoi, deux buts sur lesquels la responsabilité de Pickford est engagée. Une statistique peu flatteuse pour le gardien anglais qui devra se montrer décisif face à la Suisse pour espérer rejoindre le dernier carré.
Pas favorite avant le coup d’envoi, la Roumanie a subi la loi des Pays-Bas et Nita n’a rien pu faire pour empêcher cela. Pire, sa responsabilité est engagée sur deux des trois buts néerlandais.
Coupable d’une erreur de main sur le premier, il libère l’espace sur le deuxième en étant en dehors de son but plutôt que de rester à son poteau. C’était trop face à la mécanique Oranje, dont le portier Verbruggen sera sans doute bien plus sollicité face à la Turquie.
Sérieux derrière la solide défense des Bleus, Mike Maignan a pu fêter son 29e anniversaire entouré de ses coéquipiers, 3 jours après une qualification pour les quarts de finale aux dépens de la Belgique.
Décisif par deux fois à l’heure de défendre son but – du pied notamment sur un coup franc de de Bruyne – puis sur une frappe et une fois dans la défense d’un espace face aux Diables Rouges, l’actuel portier de l’AC Milan n’a toujours pas commis d’erreur majeure dans le tournoi.
De bon augure pour la suite de la compétition, à commencer par un quart de finale face au Portugal d’un certain Cristiano Ronaldo.
Jamais un gardien n’avait réalisé un tel exploit. Déjà auteur d’un arrêt décisif en face-à-face à la 115e minute , Diogo Costa est entré dans l’histoire de l’Euro.
En détournant les trois premières tentatives slovènes, il est resté invaincu lors de la séance de tirs au but et a permis au Portugal de rejoindre les quarts de finale où les lusitaniens affronteront les Bleus de Mike Maignan.
Un coup de bambou pour Jan Oblak qui avait permis à ses coéquipiers d’espérer en détournant sur son poteau gauche le penalty de Cristiano Ronaldo à la 105e minute, et pour tout ceux qui croient encore que les penalties ne sont qu’une loterie.
L’Autrichien Baumgartner se souviendra longtemps de cette soirée. Seul dans les 6 mètres à l’ultime seconde du temps additionnel (90e+5), il se voyait déjà égaliser face à la Turquie d’une tête piquée et propulser son pays en prolongation. C’était sans compter sur Mert Günok, auteur d’un arrêt qui restera comme l’un des plus beaux arrêts du tournoi, sinon le plus beau.
Reprise d’appuis de qualité, prise d’information extraordinaire, l’habituel gardien de but de Besiktas lit à la perfection l’intention de celui que l’on croit déjà être son bourreau et s’élève dans le ciel de Leipzig pour détourner ce ballon que tous, à part lui, voyait déjà au fond. Un arrêt qui, malgré les différences entre ces deux situations n’est pas sans rappeler l’arrêt de Gordon Banks en 1970 face à Pelé, mais surtout un arrêt qui vaut un but, une célébration et une qualification.
——————————
Vendredi 5 juillet
18h00 : U. Simon vs M. Neuer
21h00 : D. Costa vs M. Maignan
Samedi 6 juillet
18h00 : J. Pickford vs Y. Sommer
21h00 : B. Verbruggen vs F. Günok