J-8 avant l’Euro. Un an que toute la planète football assiste à la grande-messe du football européen. 24 équipes, 72 gardiens, Main Opposée vous propose de découvrir jour après jour ceux qui défendront les couleurs et les filets de leurs pays lors de la compétition pour tenter de détrôner le Portugal de Rui Patricio, tenant du titre. Aujourd’hui, l’Espagne.
Lauréate de la compétition à trois reprises au cours de son histoire (1964, 2008 et 2012), la sélection espagnole se présente à l’Euro avec un trio de gardiens inédit et une incertitude concernant le poste de titulaire qui provoque presque autant de débats de l’autre côté des Pyrénées que le retour de Karim Benzema en équipe de France. Emmenée par Luis Enrique, sélectionneur national espagnol, la Roja s’est pourtant qualifiée sans débat en finissant en tête d’un groupe dans lequel se trouvaient Malte, les Îles Féroés, la Roumanie, la Norvège et la Suède, également qualifiée pour l’Euro et que les ibériques auront le plaisir de retrouver dans le groupe E au premier tour, en compagnie de la Pologne et la Slovaquie. Oui mais voila, le covid est passé par là, la compétition a été décalée d’un an, le début des problèmes de la Roja et du casse-tête pour son sélectionneur.
21 ans après la première sélection d’Iker Casillas, légende espagnole et mondiale du poste durant des décennies, Kepa, pourtant titulaire à 6 reprises durant la phase de qualification est absent de la liste. Après avoir perdu son statut de numéro 1 chez les Blues de Chelsea, la descente aux enfers continue. Exit également Pau Lopez, portier de la Roma, malgré un match disputé lors des qualifications. Quant à David de Gea, dernier rempart de Manchester United, il est bien là mais a perdu son statut de titulaire au profit de Dean Henderson chez les Red Devils tout comme en sélection nationale récemment. Pour celui qui devait être l’héritier de San Iker dans les buts ibériques pour une décennie, la descente aux enfers s’accentue. Quand on vous dit que c’est compliqué…
Il n’y a donc rien de surprenant à être surpris en découvrant la liste des portiers appelés par Luis Enrique, dont les choix trouvent écho dans ce proverbe espagnol : “point d’absent qui ait raison, ni de présent qui ait tort”. L’ancienne gloire du barça a tranché et emmène avec lui Unai Simon, David de Gea et, celui que personne n’attendait, Robert Sanchez, et semble disposé à confirmer le premier nommé comme numéro 1 espagnol. Une triplette qui peu paraître risquée, mais à vaincre sans péril on triomphe sans gloire, ou mieux encore, dans la langue de Cervantes : “qui ne veut se risquer ne traversera pas la mer.”
Il avait tout pour être le patron de l’équipe nationale. Formé à l’Atletico Madrid, transféré à Manchester United, performant, il avait tout d’un grand. Et puis, d’un coup, Don David s’est mis à plafonner. Incapable de reproduire ses excellentes performances mancuniennes lorsqu’il est appelé sous les drapeaux, il a ouvert la porte à la concurrence, porte dans laquelle nombreux sont les gardiens qui se sont engouffrés. Kepa tout d’abord, qui lui vole la vedette lors des qualifications de l’Euro en disputant deux fois plus de matchs que lui, puis Henderson de l’autre côté de la Manche qui l’envoie s’asseoir sur le banc et provoque même en fin de saison la perte de son numéro de maillot à Old Trafford. Cruel pour le portier de 30 ans.
Titulaire en début de saison, De Gea manque à l’appel lors de la 11e journée durant laquelle il ne figure même pas dans le groupe des Red Devils. De retour la semaine suivante face à Manchester City, il réalise un clean sheet mais doit s’asseoir sur le banc pour le compte de la 13e journée. S’il reprend à nouveau sa place dans les buts du club anglais, sa saison prend un tournant définitif : sur les 10 derniers matchs, De Gea n’en jouera que deux. Ajoutez à cela une absence (excusée) de deux matchs et vous obtenez un gardien de but sans rythme de compétition depuis la fin du mois de février et un clean sheet face à Chelsea (0-0). Au final, David De Gea aura disputé 26 rencontres sur le pré, totalisant 9 blanchissages et s’inclinant à 32 reprises face aux attaquants de Premier League.
Rien d’exceptionnel, mais rien de dramatique pourrait-on penser, mais le natif de Madrid peine à se montrer décisif, et surtout régulier.
Sur le banc en FA Cup, il n’aura pas disputé une seule minute des 4 matchs mancuniens dans la compétition. Idem en Carabao Cup où il ne prend place sur le banc que pour voir son équipe se faire éliminé par Manchester City en demi-finale. Aligné en finale de l’Europa League, il ne parvient pas à faire la différence et rate même le tir au but décisif lors de la séance fatidique et “offre” le trophée à Villareal. Pas de quoi rattraper ses déboires en championnat et c’est bien ce qui semble chagriner son sélectionneur à l’heure des choix. Condamné à agir face à un De Gea qui perd pied au sein de son club anglais, Luis Enrique a fait appel dès le mois de novembre à un autre gardien, néo-international, dans l’espoir de trouver une solution pour que l’homme qui défende les filets de l’Espagne soit nommé par choix et non par défaut.
Unai Simon n’est encore qu’un nourrisson lorsqu’Iker Casillas défend les buts de la sélection espagnole des moins de 17 ans et remporte le championnat d’Europe de la catégorie en 1997. Formé à l’Athletic Club de Bilbao, le jeune gardien basque fait ses premiers pas sous le maillot de la Roja dans les sélections de jeunes. Un match avec les U16, 4 matchs avec les U19, 10 matchs avec les Espoirs, le voilà fin prêt pour se faire une place dans la hiérarchie de l’équipe phare de son pays. Cela tombe bien, De Gea n’est pas au mieux, l’occasion pour Simon de montrer ses qualités.
Convoqué dans le “groupe Espagne” pour la première fois au mois de septembre, il honore sa première sélection le 11 novembre 2020 face aux néerlandais (1-1). Satisfait de la performance de son gardien, Luis Enrique lui confie les filets de la nation pour les deux matchs officiels suivants, comptant pour la Ligue des Nations. S’il encaisse un nouveau but face à la Suisse (1-1), Unai Simon connait son premier clean sheet et sa première victoire, éclatante, face à l’Allemagne de Manuel Neuer (6-0). Des débuts réussis pour le jeune portier qui fêtera ses 24 ans le jour du match d’ouverture de l’Euro, confirmés au mois de mars par trois titularisations lors des éliminatoires comptant pour la coupe du monde 2022. Six sélections, 3 victoires et 3 matchs nuls, 5 buts encaissés, des débuts encourageants pour le dernier rempart de l’Athletic Club de Bilbao qui n’aurait pas imaginé il y a un an être aussi proche d’une place de titulaire dans un grand tournoi international.
S’il a donc marqué des points cette saison en sélection, il a également fait la pluie et le beau temps dans les buts de son club formateur, sans pour autant crever l’écran. 37 fois titulaire en 38 journées, il encaisse 40 buts en réalise 9 clean sheet. En Coupe du Roi, c’est depuis le banc qu’il assiste à la qualification des siens lors des deux premiers tours face à des adverses de moindre niveau (Ibiza et Alcoyano), avant de sortir le grand jeu (et deux tirs au buts sur trois) en quart de finale face au Betis Seville (1-1, 4 tab à 1). Lors des demi-finales, Unai Simon et les siens sont poussés dans leurs retranchements par Levante qui, après un match nul au match aller, les pousse aux prolongations lors du match retour. Pas de séance de tirs au but cette fois, Bilbao change de héros (victoire 2-1 après prolongation) et s’offre une nouvelle finale de Coupe du Roi, mais cette fois ce n’est pas la Real Sociedad qui les attend, mais bien le Barça, Messi et Ter Stegen. Cette fois, point de héros du côté de Bilbao. Unai Simon s’interpose sur 4 frappes cadrées mais doit aller en chercher tout autant au fond de ses filets. Une nouvelle fois, l’Athletic Club de Bilbao doit se contenter de regarder son adversaire du soir soulever le trophée.
Quand on sait qu’un Euro se gagne sur des matchs à élimination directe, avoir un portier plutôt à l’aise dans la spécialité n’est pas à négliger. Cela suffira-t-il pour remporter un 4e titre continental ? Rien n’est moins sûr et seule la vérité du terrain permettra d’évaluer la capacité d’Unai Simon à s’inscrire comme numéro 1 dans la durée.
Luis Enrique a de la suite dans les idées, on ne peut pas le lui reprocher. Pour accompagner Unai Simon et David de Gea, le sélectionneur national a fait appel au portier du 16e de Premier League, Robert Sanchez. Binational – il possède la nationalité anglaise également -, le natif de Cartagène nage en plein rêve. De retour dans l’effectif de Brighton & Hove après un an passé en prêt à Rochdale (3e division), il débute la saison comme prévu avec l’effectif U23 du club, bien loin des pelouses de Premier League, mais arrive alors la 7e journée et son entraineur Graham Potter – aucun lien avec Harry – le lance dans le grand bain face à Tottenham et Hugo Lloris. Victime d’Harry Kane sur penalty et de Gareth Bale en fin de match, Brighton doit s’incliner (2-1) et Sanchez reprend sa place dans les catégories inférieures du club jusqu’à la mi-décembre et le virage de sa saison.
A nouveau titularisé en équipe première pour affronter Fulham, le natif de Cartagène (Espagne) signe son premier clean sheet et permet à son club de repartir de Londres avec le point du match nul. Suffisant pour son coach qui lui renouvèle sa confiance semaine après semaine. 25 matchs de Premier League plus tard, Sanchez et son mètre 97 sont toujours présents dans les buts de Brighton. Belle histoire mais pas encore de quoi sauter en l’air me direz-vous, d’autant que notre binational ne dispute aucune des rencontres de FA Cup et de Carabao Cup cette saison avec son club, mais c’était sans compter sur le radar de Luis Enrique qui depuis de longs mois se cherche des portiers et fait appel à Sanchez pour les trois rencontres internationales du mois de mars comptant pour les qualifications à la coupe du monde qatarie.
Assis sur le banc, Sanchez observe, apprend, mais ne dispute pas un instant de ces confrontations. Suffisant cependant aux yeux du sélectionneur national pour remplir le rôle qu’il souhaite lui confier, celui de 3e portier, au service du collectif. En une saison, il est passé de gardien des U23 des Brighton à 3e gardien de la sélection nationale. Chapeau bas, ou comme le disent nos voisins espagnols : Olé !
UNAI SIMON
Club: Athletic Club de Bilbao (Liga)
Âge : 23 ans
Né le : 11 juin 1997, à Vitoria-Gasteiz (Espagne)
Taille : 1m90
Poids : 86 kilos
Pied : droit
Main : droite
Gants : Reusch
Sélections : 6
1 ère sélection : 11 novembre 2020 (Pays-Bas – Espagne : 1-1)
Photo : EFE
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Egalement dans le groupe E :
Dans le groupe A:
Dans le groupe B:
Dans le groupe C:
Dans le groupe D :
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