Qui l’aurait cru ? Opposée à l’Arabie Saoudite pour son entrée dans la Coupe du Monde, l’Argentine de Léo Messi est tombée. Invaincus depuis 36 matchs, les Argentins manquent l’opportunité de rejoindre l’Italie dans l’Histoire et se compliquent sérieusement la tâche en vue de la suite du Mondial. C’est LA première surprise de cette édition 2022.
Pourtant, tout avait bien commencé pour les hommes de l’Albiceleste avec un penalty transformé par sa star après 10 minutes de jeu. Soyons réalistes, à cet instant précis, nombreux sont ceux qui ont alors pensé à un remake du très prolifique Angleterre – Iran, remporté 6 buts à 2 hier après-midi par les hommes de Sa Majesté. Grave erreur ! Le football a ses raisons que la raison ne connait pas et rien n’est jamais écrit avant l’heure quand c’est de ballon rond qu’il s’agit.
Menés 1-0 à la mi-temps, les hommes d’Hervé Renard ont inversé la tendance, renversé le score en moins de dix minutes et fait chavirer tout un peuple qui n’avait osé espérer un tel scénario pour son entrée dans le tournoi. Mais si les Faucons ont pu réussir un tel exploit, ils le doivent à une abnégation sans faille mais également à leur dernier rempart Mohammed Al-Owais, gardien de but d’Al-Hilal, qui aura fait face aux assauts répétés des Messi, Di Maria, Paredes, etc… jusqu’au bout du bout, le match se terminant après… 14 minutes d’arrêts de jeu en seconde période !!
L’Argentine ayant débarqué au Qatar avec de très hautes ambitions, pas de round d’observation et c’est Messi lui-même qui allume la première mèche dès la 2e minute.
Servi par Di Maria, il enchaîne sans contrôle d’une frappe à ras de terre mais Al-Owais, attentif, repousse la frappe du génie sur sa droite. Le portier Saoudien le sait, ce match sera tout sauf un long fleuve tranquille et cette impression se confirme quelques minutes plus tard lorsque Saud Abdulhamid ceinture Paredes dans la surface. La VAR est impitoyable : penalty transformé par le numéro 10 qui fera même trembler les filets Saoudiens une seconde fois quelques minutes plus tard, mais hors-jeu, il se voit refuser le doublé. Toujours 1-0 donc, mais des raisons de s’inquiéter pour les hommes d’Hervé Renard, d’autant que Lautaro Martinez troumpe à son tour Al-Owais par deux fois, mais illégalement. Hors-jeu, et 3e but justement refusé aux hommes de Lionel Scaloni, sélectionneur national Argentin. L’Arabie Saoudite s’en sort bien et le score à la mi-temps (1-0) est plutôt flatteur tant l’Argentine a semblé être le rouleau compresseur attendu.
Nul ne sait ce qu’Hervé Renard aura dit à ses hommes dans le vestiaire à mi-chemin de cette rencontre, mais le “Sorcier Blanc” (à ne pas confondre avec un marabout) semble avoir conservé toute son aura. En dix minutes, les Faucons renversent la rencontre en inscrivant deux buts coup sur coup, bien aidés par un Emiliano Martinez trop avancé dans les buts de l’Albiceleste et offrant son angle de profondeur à Al-Dawsari sur le second but saoudien. On craint alors le réveil de l’armada argentine et un déluge de feu sur les buts d’Al-Owais, moment choisi par le dernier rempart saoudien pour démontrer que son mondial raté il y a 4 ans appartient désormais au passé.
A la 63e minute, Lautaro Martinez, encore lui, tente sa chance. Sa frappe contrée est alors déviée à bout portant et du genou par Tagliafico. La messe semble dite, l’Argentine va égaliser et renverser à son tour l’Arabie Saoudite, mais c’est sans compter sur le portier aux 37 sélections qui parvient à détourner le cuir sur sa droite au prix d’un réflexe impressionnant. Dix minutes plus tard, il s’interpose sur une frappe de Di Maria. Quelques instants plus tard, c’est en dehors de sa surface, à près de 35 mètres, qu’Al-Owais vient couper une passe en profondeur pour Lautaro Martinez. Tel un roseau, Al-Owais plie mais ne rompt pas et s’interpose avec autorité sur une tête croisée de Messi à la 84e minute. L’exploit semble à porter de gant pour le natif d’Al-Hufuf, mais le quatuor arbitral décide de prolonger le plaisir, offrant un tiers de mi-temps supplémentaire à l’Albiceleste pour revenir dans la partie. La pression se fait de plus en plus présente devant la surface saoudienne mais Al-Owais veille au grain, n’hésitant pas à quitter sa ligne et aller au contact pour s’imposer sur les centres argentins. Cela lui vaudra d’être percuté par Otamendi, sans que l’arbitre ne siffle faute, avant qu’il ne percute en plein visage l’un de ses défenseurs deux minutes plus tard. Nul doute qu’Al-Shahrani l’aura pardonné en le voyant s’envoler à la 90+10e minute sur une tête de Julian Alvarez pour parachever sa performance.
Efficace sur sa ligne, solide dans les airs et précieux dans la profondeur, Al-Owais signe la première performance de choix d’un portier dans cette Coupe du Monde. Après les déboires du gardien Qatari lors du match d’ouverture, les difficultés de Mendy en fin de match face aux Pays-Bas ou l’enfer vécu par Hosseini dans les buts iraniens face aux anglais, l’heure des portiers semble avoir enfin sonnée dans ce mondial, pour notre plus grand bonheur, au grand dam de Messi et des siens.
photo de couverture : Richard Heathcote / Getty Images