Analyse réalisée par Thierry Barnerat, expert goalkeeper & vidéo-analyste personnel de Thibaut Courtois.
Lille recevait ce mercredi soir au stade Pierre-Mauroy le Real Madrid, champion d’Europe en titre, pour le compte de la deuxième journée de ce nouveau format de la Ligue des Champions.
Défaits 2-0 à Lisbonne face au Sporting Portugal lors de la première journée, les lillois accusaient deux points de retard sur l’ogre madrilène, vainqueur 3 buts à 1 de Stuttgart 15 jours plus tôt.
Si Lucas Chevalier défendait les buts lillois, Thibaut Courtois, blessé, n’avait pas fait le déplacement dans le Nord et cédait sa place dans les buts du Real à Andriy Lunin, auteur d’une saison de haute volée l’année passée.
Malgré les assauts des Merengues, les Dogues créent l’exploit et font tomber le champion d’Europe, invaincu depuis 36 matchs toutes compétitions confondues grâce notamment à un immense Lucas Chevalier. Analyse.
Décisif : 5 fois
5e min : très bonne poussée sur sa droite et superbe prise de balle sur une frappe au sol de 15 mètres.
18e min : un contre un face à Endrick, à 7 mètres du but. Chevalier, à 2 mètres de sa ligne, vient fermer l’espace en faisant une croix. Décisif. Super classe.
45e+3 min : magnifique croix en un contre un à 14 mètres face à Vinicius. Super prise d’informations et super prise de décision. Top classe.
83e min : décisif avec sa main gauche sur une reprise du pied de Bellingham à 3 mètres de la ligne. Le ballon ne va certes pas très vite mais la distance, courte, nécessite d’avoir un super déclenchement et une super connexion oeil-main pour être décisif et réaliser ce “super big save”. Top classe.
89e min : centre de Modric à 35 mètres, légèrement sur sa droite, joué dans la surface à 8 mètres du but pour la tête de Güler. Bien sur ses appuis, dans le rythme de l’action, son orientation permet à Chevalier de réaliser un nouvel arrêt décisif.
Décisif : 1 fois / Responsable : 2 fois
28e min : mauvaise communication avec son défenseur sur centre venant de sa gauche. Ils se gênent et Chevalier et ne peut pas bien boxer le ballon.
31e min : super prise d’information et super prise de décision sur ballon en profondeur à 25 mètres. Chevalier intervient et monte intelligemment le ballon très haut pour se laisser du temps. Top classe.
68e min : super collaboration avec son défenseur sur un ballon en profondeur de Tchouameni vers Bellingham. Il ouvre l’espace afin qu’Alexsandro, de la tête, puisse lui remettre le ballon dont il se saisit juste avant la ligne de fond. Super classe.
87e min : mauvaise prise d’information et mauvaise prise de décision sur un centre au 2e poteau sur lequel il sort alors qu’il est trop court.
Variant jeu court et jeu long, Chevalier s’est constamment proposé pour créer ou maintenir la supériorité numérique (2 vs 1 ; 3 vs 1). Top !
Décisif : 1 fois
25e min : sur un centre au 2e poteau après un corner repoussé, Lunin est dans le rythme de l’action, bien orienté, ce qui lui permet d’être décisif sur la reprise de la tête de David, puis sur la 2e tentative de ce dernier, de la main gauche cette fois. Décisif.
45e+1 min : but de Lille sur penalty (1-0) suite à une main de Camavinga dans la surface. Lunin est pris à contrepied et ne peut rien faire sur la frappe de Jonathan David.
Décisif : 1 fois
2e min : sortie sur son côté droit, Lunin se propose au pied pour créer la supériorité numérique. Malheureusement, il veut changer de côté pour aller côté gauche. Imprécis et précipité dans sa relance, il envoie le ballon directement en dehors des limites du terrain. Cela montre un peu, et c’est normal, son niveau émotionnel par rapport à sa situation. Ce n’est jamais simple de revenir dans le but après ce qu’il a vécu, notamment lors du championnat d’Europe. Ne voulant pas décevoir, il était probablement crispé en ce début de rencontre.
23e min : sur un ballon en profondeur dans la surface, il hésite, fait deux pas, recule voyant que son défenseur est sur le ballon avant finalement d’intervenir.
34e min : sur un ballon dans la profondeur à l’extérieur de la surface, Lunin hésite à aller le chercher à 18-20 mètres. Il fait d’abord 4 pas, mais recule et se fixe à 2 mètres de sa ligne. Voyant finalement que le ballon est poussé, il sort et est décisif dans les pieds, mais sa prise d’information et surtout sa prise de décision sont au départ influencées par son manque de stabilité émotionnelle, ce qui le met en difficulté.
Mise à part sa première action du match, Lunin n’a pas été mis en difficulté, jouant court et sans pression en raison du bloc bas proposé par le LOSC.
Lucas Chevalier a multiplié les arrêts décisifs, notamment sur des situations de un contre un durant lesquelles il a démontré sa capacité de réaliser la technique de la croix pour fermer l’espace, ce qui n’est pas forcément une évidence pour tout un chacun.
Son vis à vis n’a pas eu la chance de pouvoir se mettre en exergue, en raison du faible nombre de tirs cadrés. Néanmoins, ce match n’était pas un contexte simple pour Lunin qui a vécu une fin de saison chargée d’émotions avec Real Madrid et a enchaîné avec une grande déception lors de l’Euro avec son équipe nationale. Les premières minutes ont mis en lumière ces instants chargés d’émotions qui ont lui porté préjudice sur des prises de décisions sur quelques actions en début de match, vite balayées par la suite.