Lundi soir, Peter Schmeichel était l’invité du Monday Night Football en marge du dernier match de la 8ème journée de Premier League. Durant cette soirée, le danois, légende de Manchester, aura fait le tour des questions sur les gardiens de but actuels et les qualités qui lui ont été nécessaires pour devenir l’un des meilleurs au monde.
Ready for @SkySportsMNF with @Carra23 @DavidJonesSky talking about goalkeeping and stuff. 7 pm UK time. pic.twitter.com/W40z8EUbCn
— Peter Schmeichel (@Pschmeichel1) 16 octobre 2017
Le meilleur gardien du monde
Pendant l’émission anglaise, les consultants ont commenté l’arrêt de De Gea face à Matip contre Liverpool, posant la question de savoir si l’espagnol était le meilleur au monde. Pour Jamie Carragher, emblématique joueur des Reds, la réponse est claire : “Je pense qu’il l’est. D’après ce que je vois, si je devais choisir la meilleure équipe, David de Gea y serait.”
Pour Schmeichel, invité du soir, la réponse est différente. “Nous avons de la chance d’avoir le meilleur gardien de la Premier League ici (à Manchester), mais je pense que De Gea est deuxième. Mon gardien préféré en ce moment est Manuel Neuer et ça fait longtemps,” a-t-il dit. “Je l’ai regardé quand il a joué pour Schalke à Old Trafford et mes yeux étaient comme ça [surpris], qui est ce jeune garçon? Il est courageux, il joue si loin de son but. […] Il est l’un des très rares gardiens de but qui est loin de sa ligne, très loin de sa ligne, défiant l’opposition et apportant le jeu. J’aime ça.”
S’il est très impressionné par l’allemand, il se veut aussi très élogieux à propos de De Gea. Pour lui quand il voit jouer le gardien espagnol, “C’est comme s’il glissait, il ne touche même pas le sol “. “C’est ce qui fait la différence de tant d’autres gardiens que nous considérons dans le top 10. C’est une rapidité, c’est une intelligence si vous voulez. Il comprend ce qui se passe dans le jeu. Il se déplace rapidement dans la bonne position.”
L’ancien capitaine des Red Devils, a aussi complimenté Edres Moraes, Jan Oblak mais surtout Courtois qu’il trouve “incroyable“, car “il est grand et il fait beaucoup d’arrêts, mais là où il est vraiment important pour moi, c’est qu’il dicte comment Chelsea joue“. Il a aussi loué sa capacité à sortir sur les ballons aériens.
Les secrets de sa réussite
Le très grand gardien qu’il fut nous explique les qualités qui lui ont été nécessaires pour être une légende et pourquoi il les appliquait.
Le premier des points sur lequel il met l’accent n’est autre que l’agressivité. Quand on a connu le joueur ou regardé quelques-uns de ses matchs, on ne peut pas être surpris.
“Je pensais toujours à être agressif, à ne pas prendre de risques, mais à prendre les décisions par moi-même, plutôt que de faire en sorte que les autres joueurs le fassent pour moi. Sortir rapidement, s’assurer que mes défenseurs autour me comprenaient, et quand je sortais, ils savaient que je laisse le but vide.”
“Je voulais être agressif et prendre le contrôle de ces situations qui étaient très difficiles quand je n’avais pas le ballon. Si vous ne sortez pas, vous donnez à chaque joueur l’occasion et l’avantage de faire ce qu’il veut. Je voulais dire «je suis là, je sors maintenant», le plus souvent je me précipitais, arrêtais le ballon et regardais le gars …”
“Je trouvais important de prendre le contrôle, et une fois que vous avez une réputation, vous mettez la réflexion et le doute sur l’attaquant […]. S’ils ont un face à face avec moi, je voulais qu’ils réfléchissent un peu, juste une fraction de seconde, c’était suffisant pour me mettre dans ma position parfaite et attendre“.
“J’ai eu un entraîneur, avant de partir à Manchester United, qui m’a forgé, heure après heure, il m’a pris tout autour de la surface et il m’arrêtait et me disait «où es-tu, où est le but?». en faisant cette répétition, j’ai toujours su où était le but.”
“Vous devez savoir où est votre but, vous pouvez vous précipiter, mais si vous vous précipitez et que le but est ouvert … Vous devez connaître vos angles et travailler très fort sur les angles”
“Cela faisait partie de mon jeu. Je jouais au handball et j’étais dans le but et tu utilises tes jambes autant que tes bras. Tu ne captes jamais rien. J’étais habitué à ça et j’ai toujours senti que je m’en fichais de comment arrêter le ballon. Tu arrêtes le ballon et s’il revient en jeu, il faut faire face à la situation suivante.”
“Vous devez avoir une bonne position de départ dans l’objectif d’être agressif. Si vous êtes sur la ligne c’est très difficile parce que c’est une longue distance jusqu’au point de penalty. J’étais toujours proche de la ligne de six mètres, je trouvais que c’était ma position parfaite. J’acceptais que si je me faisais lober, je me faisais lober, et passons à autre chose, et c’est arrivé quelques fois, mais les avantages que j’ai eu à jouer plus haut étaient beaucoup plus importants.”
“Je suis toujours resté debout le plus longtemps possible, mais je voulais me rendre si grand que l’adversaire ne pouvait pas voir le but, ce qui voulait dire que je devais bien gérer mes angles et être debout. J’ai toujours mis des maillots volontairement trop grand parce que quand je levais mes bras, la chemise allait comme ça [en faisant un geste montrant l’amplitude du maillot], mais aujourd’hui, les gardiens de but semblent petits. J’ai toujours aimé ça, parce que quand ils regardent au loin et me voient, ils vont penser « où est le but? ».”
“C’est comme ça que j’ai joué. C’était comme ça qu’on jouait, nous aimions avoir le ballon et engager les joueurs vers l’avant. Il n’y a pas d’autre moyen de contrôler le jeu que de jouer haut sur le terrain et si vous avez un gardien qui ne peut pas sortir vous ne pouvez pas jouer haut. Plus vous pouvez pousser l’équipe entière, plus vous avez de joueurs pour créer des occasions et marquer des buts.”
“Parfois, il faut prendre des risques. Si on était sous la pression d’un corner par exemple, et qu’ils avaient tout le monde en place, même si nous n’avions qu’un seul joueur sur le terrain, je relançais le ballon aussi loin que possible dans le seul but de faire reculer l’équipe. Le plus souvent, rien n’a abouti, peut-être avons nous eu une remise en jeu, mais nous gagnions 70 mètres. Il y a un moment et un endroit, quand vous le faites dans votre propre moitié de terrain les deux joueurs doivent être sur la même longueur d’onde. Cela doit être parfait. “
“Les gardiens de but doivent maintenant être des joueurs de football aussi. Dès que l’équipe ne défend pas, il devient un joueur de champ, donc il doit avoir une très bonne technique avec ses pieds et être capable de distribuer le ballon, vous devez être un peu arrogant. Il faut te dire que tu n’a jamais fait d’erreurs même si tu en as fait une qui a coûté un but, tu dois te dire que tu n’en as jamais fait une.”
Kasper
Peter Schmeichel était présent dans l’émission anglaise pour le match Leicester City – West Bromwich Albion, dans lequel jouait Kasper, son fils. Cette rencontre qui a fini sur un score de parité (1-1) a vu Schmeichel junior encaisser un coup franc de Nacer Chadli, mais les Foxes ont réussi à revenir au score par le biais de Riyad Mahrez.
“Parfois, vous devez juste lever les bras et dire que vous avez été battu par un coup franc de qualité.”
“Il y avait un gars dans le mur qui bloquait [Kasper], j’ai disputé une finale de Ligue des Champions contre le Bayern Munich où ils ont marqué un but similaire. C’était plus proche, mais deux gars me bloquaient et je ne pouvais pas le voir , et tout ce à quoi je pouvais penser quand les gens me critiquaient, c’était qu’ils n’avaient jamais été dans cette situation!”
Hier soir, c’était Masterclass spéciale coup-franc ! Orateur du soir : @NChadli. @kschmeichel1 en reste sans voix. #PremierLeague #LEIWBA pic.twitter.com/a6PvtQdU6U
— VOOsport (@VOOsport) 17 octobre 2017
Et Kasper d’ajouter : “C’était une meilleure frappe que je ne le pensais au départ. Nous avons eu un peu de mal avec le vent en seconde période et cela a eu un impact différent sur le ballon.”
Mais le père était moins convaincu par cette dernière excuse : “Les conditions étaient difficiles, mais en tant que gardien de but, vous regarderez n’importe quel but [ que vous concédez] et regardez ce que vous pouvez faire de mieux. Je regarde chaque but que j’ai concédé et dit que j’aurais pu faire ceci ou cela, c’est ce qui est formidable quand on a du recul”
Source photo : Sky Sports