48 ans. C’est le temps qu’il aura fallu au Stade Rennais pour remporter la troisième Coupe de France de son histoire au terme d’un match au scénario hitchcockien. Les bretons, menés de deux buts après 20 minutes, ont su revenir au score pour terrasser le Paris Saint Germain lors de la séance fatidique des tirs au but, Nkunku envoyant sa tentative dans les nuages du Stade de France (2-2, 6 TAB à 5).
Le temps de l’émotion révolu, Thierry Barnerat, instructeur FIFA pour les gardiens de but, revient pour nous sur les moments clés de cette finale et la performance des deux portiers Alphonse Aréola et Tomas Koubek. C’est le coup d’oeil de MO.
“C’est une finale qui prouve, s’il en était besoin, que le succès d”une équipe n’est pas toujours à l’image de la performance de son gardien. Ainsi, si Koubek a réalisé plusieurs parades, notamment sur des situations d’angle où il a su rester bas, fermer l’angle de frappe et être décisif, mais il a également commis quelques erreurs sur les deux buts encaissés par le Stade Rennais, alors que dans le même temps, Alphonse Aréola a lui réalisé un match plein. Il a été très performant sur l’ensemble des situations de jeu aux pieds.
Le magnifique premier but du Paris Saint Germain fait suite à un ballon dévié en corner par Koubek. Si le gardien rennais n’a pu que constater les dégâts sur la reprise de Dani Alves, il aurait pu (et donc dû) éviter ce corner. Sa prise de décision n’a pas été performante sur l’action précédente. Si on regarde dans le détail, Tomás Koubek prend 3 appuis sur sa gauche avant de commencer un déplacement arrière, ce qui le sort du rythme de l’action et l’oblige à dévier le ballon au-dessus de sa barre. Avec une meilleure prise d’informations, le portier rennais aurait pu se saisir tranquillement du ballon et relancer son équipe.
Lors de son duel face à Mbappé à la 12e minute, Koubek est déjà trop haut sur le terrain au départ de l’action. Heureusement pour lui, le jeune attaquant international décide de frapper en force, mais il est bien possible que Neymar ait pris dès cet instant l’information de sa position dans l’espace…
Lors de son duel perdu face à Neymar et qui offre le deuxième but aux parisiens, Koubek est positionné haut sur le terrain et offre l’angle de profondeur au génie brésilien qui n’en demandait pas tant. Celui-ci prend l’information aux 25 mètres et a alors le temps d’ajuster le gardien rennais d’un piqué.
Toujours dans le rythme et bien positionné, il a été acteur sur toutes les actions et sa responsabilité n’est pas engagée sur les deux buts encaissés par le Paris Saint Germain.
Sollicité d’entrée de jeu, le gardien parisien a été très propre dans toutes ses relances grâce à ses prises d’informations, toujours justes, et son intelligence de jeu. Elles lui ont permis de toujours prendre la bonne décision et d’être très propre dans ses relances tout au long du match. Ce fut notamment le cas sur cette passe en retrait, son premier ballon du match, sur lequel Aréola relance court, pied gauche, en une touche de balle alors qu’il est sous le pressing des attaquants rennais. Se mettre sur son bon pied (le droit) pour basculer le jeu à droite aurait en effet été trop ambitieux, voire dangereux pour le gardien parisien.
Sur le premier but rennais, Aréola s’oriente afin de défendre son but en fonction des courses adverses, mais malgré sa communication dans l’action à son défenseur (Kimpembe), celui-ci se lance et dévie le ballon dans son propre but.
Sur le corner qui permet au Stade Rennais d’égaliser, il faut savoir que toutes les équipes mettent leur joueur le plus performant de la tête de l’équipe dans la zone premier poteau. Ce joueur est aligné au premier poteau et à deux mètres de celui-ci sur un corner rentrant et à trois-quatre mètres si le corner est sortant. Ce joueur est souvent le meilleur joueur de la tête (détente, timing) car il est dans une zone où le gardien ne peut intervenir et venir chercher le ballon.
Sur ce but, Aréola est dans le rythme l’action et correctement orienté dans son but. Sa responsabilité n’est donc nullement engagée sur l’égalisation rennaise.”
S’il n’a pas su se montrer décisif dans la conquête d’une nouvelle Coupe de France, Alphonse Aréola aura été plus juste que Tomás Koubek dans ses prises d’informations et de décisions tout au long du match. C’est cependant le portier rennais qui soulève le trophée, preuve que la performance du gardien n’entraine pas automatiquement la performance de l’équipe.
Thierry Barnerat
Instructeur FIFA / ASF
Entraîneur de sport de performance Swiss Olympic
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photo de couverture : RMC Sport