Recordman du nombre de matchs disputés en première division française, spécialiste des penaltys, international français, Mickaël Landreau a, au cours de sa longue carrière pleine de rebondissements et de moments d’anthologie, réalisé de nombreux faits d’arme.
Né le 14 mai 1979, à Machecoul au sud de la Loire Atlantique à une quarantaine de kilomètres de Nantes, il grandit à Arthon en Retz, non loin de Machecoul, où il découvre le football dans le club local, l’étoile arthonnaise. Il y reste de ses 6 ans jusqu’à 13 ans avant de rejoindre un club jouant à un niveau supérieur, le GS Saint-Sébastien dans la banlieue nantaise. Il n’y restera qu’un an avant de porter pour la première fois le maillot des canaris, qu’il rejoint à l’âge de 14 ans.
Lorsqu’il rejoint le club nantais, c’est le début des années Suaudeau et du fameux “jeu à la nantaise”. Dès sa formation, il est baigné dans cet esprit d’un jeu fait de passes courtes, de redoublements, un jeu très séduisant. Il grandit donc avec cet esprit du jeu qu’on retrouvera plus tard dans ses choix d’entraîneur. Durant cette formation, il intègre aussi toutes les équipes de France dans les catégories jeune.
Il débute en D1 en octobre 1996. Il est alors âgé d’un peu plus de 17 ans, à Bastia et va s’illustrer dès ce premier match. Tout d’abord négativement en provoquant un penalty, mais admirablement quelques instants plus tard en l’arrêtant. Quelle entrée en matière ! Il réalise un match très abouti et conserve sa cage inviolée permettant aux jaunes et verts de ramener un point de Furiani. Après ce match qui a marqué les mémoires, il reste en place dans les buts nantais pour ne plus les quitter avant un bon moment.
Malgré son jeune âge, il fait parti des cadres du vestiaire nantais. Si Suaudeau quitte le banc des canaris à l’issue de la première saison de “Micka”, Denoueix, qui dirigeait jusque-là le centre de formation et connaissait donc Landreau, lui fait confiance et lui laisse cette place de titulaire. Plus qu’un simple titulaire, il devient capitaine alors qu’il n’a que 19 ans, un fait assez rare pour être souligné tant Landreau est déjà une figure du vestiaire des ligériens. Pour sa première saison en tant que capitaine, le FC Nantes s’offre une Coupe de France. Les nantais récidiveront l’année suivante contre Calais où une image restera gravée dans la mémoire de tous : au moment de soulever la coupe, il invite le capitaine de Calais pour qu’ils lèvent le trophée ensemble de manière à féliciter l’ensemble du parcours calaisien.
Dans le même temps, le portier nantais est appelé en sélection espoir (43 sélections entre 1997 et 2002), sous les ordres de Raymond Domenech. Il sera vice champion d’Europe espoir en 2002. Domenech lui trouve aussi une qualité de leader naturel qui lui fera dire qu’il n’avait parfois quasiment pas besoin de faire de causerie tant Landreau savait motiver ses coéquipiers.
L’année 2001 sera l’année de la consécration pour Landreau. Le club dont il est le capitaine remporte le championnat de France pour la première fois depuis son arrivée en professionnel, le dernier sacre remontait à 1995. De plus, il est appelé en équipe de France A pour la coupe des confédérations où il jouera un match et où la France l’emportera. Il agrandit donc conséquemment son palmarès au cours de cette saison et découvre l’équipe de France A qui vient d’être championne du monde et championne d’Europe. En 2003, il rejouera la Coupe des confédérations qu’il gagnera de nouveau en jouant un match.
Grâce à cette saison 2000-2001 exceptionnelle, Landreau découvre la Ligue des champions, la plus belle compétition mondiale pour un club. Un match contre Manchester United, alors une des meilleures équipes du monde avec Giggs, Beckham et consorts retient l’attention. Le portier des canaris détourne la quasi-totalité des offensives mancuniennes permettant au FC Nantes de passer tout proche d’un exploit, mais Van Nistelrooy égalise en fin de match sur penalty.
Les saisons suivantes se compliquent pour le FC Nantes qui ne termine que 10e à l’issue de l’exercice 2001-2002. Ce n’est guère plus réussi l’année suivante avec une 9e place. En 2004, le FC Nantes accroche une 6e place au classement mais réalise surtout un beau parcours lors des coupes nationales avec une demi-finale en Coupe de France et une finale en Coupe de la Ligue, perdue aux tirs aux buts contre Sochaux, mais nous y reviendrons plus tard…
Malgré ce regain de forme, la saison suivante s’avère encore plus compliqué, 17e en fin d’année 2004, Landreau exprime publiquement ses griefs envers son président qui selon lui “démolit le club” mais aussi envers son entraîneur. Ce dernier, Loïc Amisse, sera mis à la porte et remplacé par Serge Le Dizet. Le FC Nantes se maintient à l’issue de la dernière journée grâce à une victoire mais surtout la défaite de Caen face à Istres qui était alors 19e. La saison 2005-2006 sera la dernière pour Landreau, qui annonce dès le mois de mars qu’il rejoindra le PSG.
Dans les mémoires nantaises, Landreau reste un des plus grands joueurs de l’histoire et est plébiscité par les supporters nantais lorsqu’il faut réaliser une équipe-type de tous les temps du FC Nantes. Symbole de la formation nantaise, enfant du pays, il est une véritable fierté pour les nantais qui n’ont jamais manqué de lui rappeler par un tifo à son effigie, ou encore des banderoles notamment lorsqu’il revenait à la Beaujoire aussi bien en tant que joueur qu’en tant que commentateur.
Après des dernières saisons à Nantes délicates où Landreau est amené à jouer le maintien, il s’engage à Paris. Dans l’intersaison 2006, il fait parti du groupe de l’équipe de France qui atteint la finale de la Coupe du monde contre l’Italie. Il manque donc la préparation avec le PSG et ne dispose que de très peu de temps pour s’acclimater à ses nouveaux coéquipiers et à un nouvel environnement.
La première saison sans cette préparation s’avère très compliquée et le PSG plonge la zone rouge avant de finir la saison à la 15e place. Landreau est critiqué pour des erreurs et contesté par les supporters. L’année suivante n’est pas plus facile en championnat, le PSG termine à la 16e place. Néanmoins, les joueurs de la capitale réalisent des très bons parcours en coupe avec une finale de Coupe de France et la victoire en Coupe de la Ligue qui leur permet d’accrocher une qualification européenne.
La saison 2008-2009 sera la dernière au PSG pour le gardien originaire de Machecoul, il termine sur une meilleure note que les deux premières saisons avec une 6e place. Malgré toutes les critiques subies, Landreau jouera quand même 114 matchs de L1 avec le PSG, sur 114 possibles ! S’il ne laisse pas un souvenir impérissable en Ile-de-France, il a néanmoins permit au club de la capitale de remporter une coupe de la Ligue.
Transféré à l’été 2009 au LOSC pour 1,6 millions d’euros, Landreau se blesse gravement dès la première semaine d’entraînement (ligaments croisés du genou droit). Il est opéré début juillet et se remet très vite sur pied. Il rejoue dès le 31 octobre, match dans lequel il réalise une très bonne performance qui reste dans les mémoires nordistes. Il gagne sa place et, à l’issue de cette première saison qui avait très mal débutée pour lui, le LOSC termine au pied du podium, à la 4e position.
La saison suivante, le LOSC réalise le doublé Championnat – Coupe de France, Landreau a retrouvé son top niveau et Lille est emmené par un trio offensif de feu Hazard-Gervinho-Sow. C’est une saison historique pour Landreau qui remporte son deuxième championnat de France et sa troisième Coupe de France, mais aussi pour le LOSC qui n’avait plus remporté le championnat depuis 1954 et la Coupe de France depuis 1955. Les joueurs sont fêtés en héros dans toute la ville. Pour cette saison exceptionnelle, Landreau est nommé aux trophées UNFP pour le titre de meilleur gardien.
Mickaël Landreau est donc de retour dans les meilleurs gardiens français et en Ligue des champions. La saison suivant le doublé est aussi réussie avec une troisième place en championnat et une nouvelle qualification en Ligue des champions. Pourtant, malgré ces trois belles saisons, il quitte le club en décembre 2012 après des désaccords avec Rudi Garcia. Le LOSC et Landreau décident de rompre le contrat les liant. Il ne mettra que trois semaines à retrouver un club dans l’élite.
Fin décembre 2012, Landreau s’engage avec le club corse du SC Bastia. Il retrouve Furiani, théâtre de sa première apparition en première division. Pour son entrée en matière, il marque une nouvelle fois les esprits avec un match très abouti permettant à Bastia de décrocher une deuxième victoire à l’extérieur de la saison. Bastia termine 12e pour son retour dans l’élite et réussi son objectif, le maintien.
La saison 2013-2014 sera la dernière de la carrière de Mickaël Landreau. Le 4 décembre 2013, il bat le record de Jean-Luc Ettori et devient le joueur le plus capé de l’histoire en première division française. Symboliquement, le dernier match de la saison sera un SC Bastia – FC Nantes comme le tout premier, 18 ans auparavant. Il sera à l’occasion honoré par les supporters bastiais, nantais ainsi que les staffs des deux clubs. Il finira même sa carrière par une Coupe du Monde avec l’équipe de France au Brésil, en 2014.
Son record atteint 618 matchs en première division. Il aura joué plus de la moitié au sein de la maison jaune avec 335 matchs sous le maillot des canaris, 119 sous les couleurs du LOSC, 114 pour le club de la capitale et 50 matchs avec Bastia. Un record qui semble aujourd’hui inatteignable tant Landreau a commencé tôt et a fait preuve d’une longévité incroyable.
Très jeune, il est vu comme un meneur de groupe mais cette personnalité va lui jouer des tours. En 2004, il est considéré comme l’un des principaux instigateurs de la fronde contre Loïc Amisse, ce qui pose soucis au moment de prolonger son contrat et qui va être l’un des facteurs de son départ au PSG. De même à Lille avec Rudi Garcia, la résiliation de son contrat est due à un problème entre les deux hommes. Landreau a un fort caractère et il veut pouvoir donner son avis, ce qui ne plait pas forcément à tous les coachs et présidents de club. Son leadership naturel et son attrait à diriger vont entrainer certains à le définir comme un “joueur politique”.
Malgré cette image un peu négative, ce caractère lui vient de son désir de ne laisser personne de côté et dans les clubs où il est passé, notamment à Nantes où il a laissé à tout le monde le souvenir d’une personne très bienveillante. Fabrice Bryand, l’ex-docteur du FC Nantes qui l’a toujours connu sur les bords de Loire explique que “ceux qui le connaissent savent qu’il est profondément intègre.” (Libération). En témoigne aussi une anecdote au sein du club qui préparait la finale de Coupe de France et pour qui il a eu la noble attention de ramener des pizzas. Peu de choses diront certains, mais l’excellence réside dans les détails. Cette anecdote témoigne également de son grand humanisme et de son profond respect envers tous ceux qui travaillent et font marcher les clubs. Il a aussi un grand respect pour les supporters, et pour preuve : pour son dernier match de championnat, il a offert les places pour les supporters nantais ayant fait le déplacement. Grande classe !
Comment parler de Mickaël Landreau sans évoquer l’exercice des penaltys. Dès son premier match en D1 en 1996, il stoppe un penalty (qu’il avait provoqué). S’en suivent de nombreuses parades dans cette exercice ou dans celui de la séance de tirs au but qui diffère quelque peu d’un penalty en match. Lors du doublé Coupe-Championnat lillois, il stoppe 3 tirs au but dans la séance face au FC Nantes, son ancien club et permet aux nordistes de poursuivre leur épopée. Enfin, si l’on devait n’en retenir qu’un, ce penalty face à Ronaldinho serait sûrement celui qui ressortirait. Face à l’un des plus grands joueurs de tous les temps et alors que le FCNA mène au Parc des Princes, il décide de ne pas se placer au milieu de son but mais au tiers pour perturber le brésilien. Un pas de côté pour finalement revenir angle côté angle fermé, Landreau sort ce penalty et qualifie les nantais. Fabuleuse audace pour un incroyable dénouement.
Habile pour arrêter les penaltys, Landreau n’est pas non plus maladroit quand il s’agit de les tirer. Néanmoins, lors de la finale de la Coupe de la Ligue en 2004 contre Sochaux, il décide de tirer le penalty de la gagne, mais tente et manque une panenka. Stoppée par le portier sochalien, cette tentative est restée dans l’esprit collectif comme l’échec ayant coûté le titre au FC Nantes.
Mais cette faculté de stopper les penaltys est-elle liée à la chance, au hasard ou à un secret bien gardé ? Quand on le lui demande il répond qu’il n’y a rien de secret sinon il en arrêterait encore plus. Il ajoute que depuis petit, il trouve captivant d’analyser les courses d’élan, les regards des attaquants pour stopper leurs penaltys. Le travail, encore et toujours.
Toujours à la recherche d’un approfondissement de son savoir et d’une perpétuelle progression. Landreau a, en parallèle de sa carrière, obtenu de nombreux diplômes. Il a obtenu des diplômes d’entraineur auprès de la FFF tout au long de sa carrière mais aussi un master en STAPS dans la spécialité entraînement et optimisation de la performance sportive, option entraînement et préparations physique, nutritionnelle et mentale lorsqu’il était à Lille. Dès la fin de sa carrière sportive, il suit un programme de l’école supérieure de commerce de Paris-Europe.
Son leadership naturel et sa capacité à gérer un groupe ne laissait nul doute quant à sa capacité à devenir entraîneur. Il passe le brevet d’entraîneur professionnel de football avec un stage au Paris FC sur la saison 2016-2017, alors en national. Il obtient ce brevet à l’issue de cette saison.
En marge de ces études, on le retrouve aussi sur les plateaux télé chez Canal + en tant que commentateur pour différents matchs, mais aussi comme spécialiste dans les émissions de la chaîne cryptée comme le Canal Football Club ou encore le Late Football Club. Son analyse du jeu ou du poste de gardien de but sont très pertinentes et reconnues comme telles.
Juste après avoir obtenu son diplôme, Landreau est lancé dans le grand bain, il rejoint le FC Lorient, pensionnaire de Ligue 2 visant la remontée. Pour sa première année sur un banc, il manque les barrages pour 3 points. Reconduit cette saison, il est encore à la lutte pour la montée avec un très bel effectif et un jeu plaisant. En effet, dans la lignée de son formateur, Denoueix et du coach qui l’a lancé, Suaudeau, il essaie de developper un jeu de possession de passes courtes. Cette vision du jeu suit aussi la logique de Christian Gourcuff, entraîneur historique des merlus. Un défi à la hauteur du portier ambitieux et travailleur qu’il a toujours été.
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Crédit photo de couverture : FC Lorient