À seulement 22 ans, Valentin Prévost a déjà connu plusieurs clubs et de nombreuses aventures. Après avoir été formé dans l’est de la France à Besançon, le jeune gardien de but joua pour l’USJA Carquefou, le SO Cholet et enfin les Voltigeurs de Châteaubriant, club avec lequel il évolue actuellement en Nationale 3. Pour Main Opposée, le portier revient sur sa jeune carrière.
Main Opposée : Bonjour Valentin, peux-tu te présenter ?
Valentin Prévost : J’ai 22 ans je joue aux Voltigeurs de Châteaubriant depuis deux ans. Je suis formé dans l’est de la France à Besançon où j’ai commencé en 14 ans Fédéraux puis en U17 Nationaux jusqu’en seniors. En 2012, alors que j’avais 16 ans je devais signer en tant que 3ème gardien en CFA avec Besançon, malheureusement le club a déposé le bilan. Je suis resté une année supplémentaire en tant que gardien numéro 1 en Régionale 2. Ensuite je suis parti à Carquefou en Nationale 1 en tant que 4ème gardien, le club dépose le bilan également. Je suis resté la saison suivante en tant que gardien numéro 1 de la DH de Carquefou. Lors de la saison 2015/2016 je rejoins le SO Cholet en CFA où j’étais blessé durant les trois-quart de la saison et en fin de saison Châteaubriant me contacte, je les ai rejoint la saison dernière et désormais je suis gardien titulaire en Nationale 3.
MO : Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de jouer dans les buts, quels sont tes premiers souvenirs ?
VP : C’est tout bête, mais dans mon tout premier club lorsque j’étais en poussins (équivalent U10-U11) j’ai vu en début de saison un entraînement spécifique pour les benjamins (U12-U13). Ça m’a attiré, je ne saurais comment l’expliquer, j’ai eu alors envie de faire des spécifiques gardiens et je suis arrivé la semaine suivante avec des gants. J’ai fait l’entraînement de gardien, ça s’est bien passé et derrière je n’ai jamais quitté les buts.
MO : Qu’est-ce que tu préfères lorsque tu enfiles les gants ?
VP : Ce qui me donne de l’adrénaline, ce qui me fait « kiffer » à ce poste là, c’est se dire qu’on peut être décisif, encore plus décisif que les autres joueurs je pense. On peut influer sur le résultat, on est à part, c’est un poste totalement différent. On n’est pas joueur de foot, on est gardien de but. Le résultat d’un match peut se décider grâce ou à cause d’un gardien de but, du coup on a la pression de faire aucune erreur sous peine d’être sanctionné directement. C’est cela qui me donne du plaisir sur le terrain.
MO : Pour toi, quelles qualités faut-il avoir pour être un bon gardien ?
VP : J’ai tendance à dire aux jeunes gardiens que j’entraîne, que le poste de gardien de but c’est 40% de technique et 60% de mental. Je pense que si on n’a pas un mental à toute épreuve, et une concentration supérieure à la moyenne durant les matches, on ne peut pas aspirer à aller beaucoup plus haut. Après, bien sûr les bases techniques d’un gardien sont importantes mais le mental est primordial si l’on aspire à jouer plus haut. De mon point de vue, aujourd’hui les gardiens modernes doivent être acteurs du match, ne pas hésiter à jouer haut sur le terrain pour être le dernier défenseur. Il faut pouvoir bien lire le jeu sur le terrain, posséder un bon jeu au pied et soulager sa défense sur le terrain pour couper les actions le plus tôt possible.
MO : Tu t’occupes de jeunes ? Qu’est-ce que tu aimes dans l’exercice d’entraîner ?
VP : A Châteaubriant, je suis responsable de tous les gardiens de U10 jusqu’à U17, voir U18, j’ai vraiment tous les gardiens du club hormis les seniors. Ce qui me plaît c’est transmettre ce qu’on m’a appris et pouvoir donner des billes aux jeunes qui veulent progresser pour se construire en tant que gardien de but. Je n’essaye pas de faire des copies de moi ou de ce qu’on m’a appris, le but étant de leur donner des conseils pour se forger une identité de gardien de but et de les voir évoluer au fil des années. Cela me permet de créer des liens, quand on est entraîneur des gardiens on est proche de nos jeunes ce qui est très agréable par rapport à d’autres postes.
MO : Comment te définirais-tu en tant que gardien de but? Quels sont tes points forts et les points sur lesquels tu peux encore progresser ?
VP : Tout d’abord je suis un petit gabarit, je mesure 1m81 ce qui est petit pour le foot moderne. Je dirais que mes points forts sont ma lecture de jeu, mon placement assez haut pour aider mes défenseurs et puis je suis tonique sur ma ligne de but. Ensuite j’essaye d’être bon dans ma relance, mon jeu au pied peut être perfectible, surtout mon mauvais pied même si j’ai progressé ces dernières années, on peut toujours s’améliorer. Puis d’un point de vue mental, c’est d’aller un peu plus au charbon, un peu plus de folie dans mes un-contre-un où je dois encore progresser je pense.
MO : Qui sont tes modèles dans les buts ? Qu’apprécies-tu chez ces gardiens ?
Principalement, Hugo Lloris de part son explosivité et ses aptitudes sur sa ligne, je pense c’est ce qui se fait de mieux au monde, j’adore. Après je suis très fan forcément de très grands gardiens, comme Manuel Neuer pour sa lecture de jeu, sa folie et le fait qu’il joue très haut. J’ai aussi des modèles concernant le jeu au pied, comme Ter Stegen, Mandanda, Claudio Bravo, qui sont des gardiens avec un jeu au pied exceptionnel. Puis il y a d’autres gardiens comme De Gea, Buffon et Casillas qui sont évidemment des modèles. A l’ancienne Jérémy Janot, qui était un petit gardien que j’appréciais énormément.
MO : Pourrais-tu donner ton top 5 des meilleurs gardiens mondiaux à l’heure actuelle ?
VP : Ce n’est pas facile à dire, si je dois en choisir 5, je dirais : De Gea, Neuer, Buffon, Lloris et Oblak. Pour l’ordre, je pourrais quasiment les mettre tous à la première place, ainsi qu’à la deuxième et ainsi de suite. J’en oublie certainement d’autres.
MO : Et ton top 3 (Ligue 1) ?
VP : Je dirais, le meilleur Aréola qui possède un énorme potentiel. Ensuite Mandanda et Ruffier forcément. Ensuite juste derrière je mettrais Reynet et Lafont qui sont deux gardiens que j’adore. Lafont va devenir une référence dans les années à venir et Reynet porte à bout de bras son équipe depuis deux saisons.
MO : Quels conseils donnerais-tu à nos lecteurs qui sont pour la plupart gardien de but ?
VP : Le premier et principal conseil que je donnerais c’est de ne jamais rien lâcher et de se construire un mental d’acier parce que c’est un poste très exposé et on n’a pas le droit à l’erreur. On doit laisser personne nous empêcher de croire en nos ambitions et nos rêves. Tout cela passe par un travail acharné , qu’on soit petit, grand, gros, maigre tout le monde à sa chance et il faut trouver la personne qui nous fera confiance. Peu importe la situation, il faut toujours bosser, le travail sera récompensé .
MO : Tu as débuté ta carrière dans l’est de la France à Besançon, que retiens-tu de ces années ?
VP : J’ai eu beaucoup de très bons moments là-bas, je suis encore en contact avec beaucoup de personnes au club. Mon meilleur souvenir reste ma saison en U17 où on a été champion de France avec la section sportive, invaincu en championnat, une finale de coupe, on avait fait une saison extraordinaire. J’ai eu la chance de jouer en seniors avec l’équipe première en étant jeune. Le public là-bas est exceptionnel, d’ailleurs je leur passe le bonjour parce que les aigles rouges c’est quelque chose. Après tous les éducateurs que j’ai eu, j’ai énormément appris d’eux notamment de grosses valeurs et je vois le foot aujourd’hui comme eux le voyaient. Des personnes comme Nordine El Yacout, Florian Mulot qui sont des personnes extraordinaires. Ce sont les personnes que je retiens surtout.
MO : Après tu décides de partir à Carquefou, alors en National avec les verts et blanc, comment s’est déroulé cette aventure ?
VP : Je n’ai pas eu la chance de jouer en National avec Carquef’, j’ai fait des bancs quand j’étais à Besançon mais je n’ai pas eu l’occasion d’y jouer. Par contre j’étais dans le groupe National à Carquefou, je m’entraînais tous les jours avec eux. C’était une excellente expérience, c’est peut-être durant cette saison où j’ai le plus appris avec Denis Renaud (actuel entraîneur de Niort en L2), qui est un super coach, très exigeant qui m’a beaucoup appris. J’ai énormément appris au contact de gardiens comme Alexandre Bouchard ou Alban Joinel qui étaient des modèles au quotidien. Puis j’ai pu côtoyer des joueurs de haut niveau qui pour la plupart joue désormais au moins en National 1 voire plus haut. C’était vraiment une super année, j’ai vraiment progressé en l’espace de peu de temps. Je pense que le fait de ne pas avoir pu continuer ensemble après le dépôt de bilan, reste l’un de mes plus grands regrets puisqu’on avait une belle équipe de potes et on s’entraînait très bien.
MO : Ensuite tu rebondis lors de la saison 2015/2016 à Cholet, malheureusement tu te blesses avec le club du Maine et Loire, une période délicate je suppose ?
VP : C’est une saison particulière qui me laisse des regrets, je pense qu’il y avait moyen de faire mieux. Je me blesse en préparation à l’épaule. Lorsque je reviens j’ai la chance d’être directement titulaire en CFA, malheureusement je rechute à l’entraînement la semaine suivante. J’ai rechuté trois fois à mon épaule malgré tout je suis revenu mais encore une fois je me blesse en décembre, quelques semaines plus tard il y a un changement d’entraîneur et de staff. En plus le staff médical n’arrivait pas à déterminer la nature de ma blessure, c’était très long et je ne rentrais plus dans les plans du coach. Ça été une période très difficile, heureusement j’étais bien entouré, mais ça n’a pas été la saison la plus glorieuse de ma carrière.
MO : En 2016, tu atterris à Châteaubriant pourquoi ce choix ?
VP : C’est l’entraîneur de l’époque, Stéphane Mottin qui m’a appelé au mois de mars quand j’étais encore à Cholet. Il m’a dit qu’il cherchait un deuxième gardien pour la saison suivante, avec comme objectif à moyen terme de prendre la succession de Grég Douard, qui était numéro 1 et qui pensait arrêter dans les années qui suivaient. Le projet m’a intéressé, je connaissais également quelques joueurs du club, cela a facilité les choses et tout s’est accéléré. J’ai rencontré le président, j’ai fais une séance d’entraînement pour voir comment ça fonctionnait puis derrière le choix a été rapide et facile. En plus j’avais l’assurance d’avoir du temps de jeu ce qui me manquait à Cholet à cause de mes blessures.
MO : Tu es actuellement le portier de l’équipe 1 quels sont tes objectifs avec ton équipe ?
VP : Sur le plan collectif c’est une année de transition car il y a eu beaucoup de mouvements avec un changement d’entraîneur notamment et près de 10 arrivées et 10 départs. Les choses doivent se mettre en place petit à petit, c’est en train de prendre doucement mais c’est intéressant. Après on n’a pas d’objectif défini, on ne se fixe pas la montée ou le maintien, on va voir, on va essayer tout d’abord de mettre en place ce que l’on veut. Puis on verra quels objectif on peut avoir dans la saison. Sur un plan personnel, l’objectif est de faire une grosse saison, prendre de l’expérience, apporter à l’équipe puis faire de gros matchs. C’est un championnat attrayant qui est observé, après pourquoi pas voir plus haut pour la suite mais déjà faire une bonne saison et que l’équipe se stabilise en haut de tableau pour voir après les saisons suivantes.
(Image, Actu foot44)
MO : Quelles relations as-tu avec les autres gardiens du groupe seniors, qu’est ce qu’ils t’apportent ?
VP : Je côtoie surtout Clément Milon qui est gardien numéro 2 et qui joue avec la DH le week-end. On a une très bonne relation, c’est un pote, il est arrivé cette année, on s’est tout de suite très bien entendu. Il a des caractéristiques différentes des miennes, c’est un plus grand gabarit, il prend plus de place dans les buts. On s’observe chacun, pour voir ce qu’il y a prendre et on collabore en toute transparence et sainteté. C’est vraiment agréable de travailler tous les jours avec lui, il n’y a pas d’ambigüité, c’est un très bon gardien aussi donc si un jour je ne suis pas là l’équipe ne sera pas dans la difficulté.
MO : Tu as participé à la coupe UEFA des régions avec la sélection des Pays de la Loire, malgré l’élimination que retiens-tu de cette expérience ?
VP : C’est la deuxième fois que je participe à cette compétition, j’avais eu l’occasion de participer à la précédente édition il y a deux-trois ans. Forcément c’est un honneur d’être appelé et de côtoyer ce qui se fait de mieux dans la région, ce sont de très bon joueurs qu’on rencontre chaque week-end en championnat. C’était d’autant plus un plaisir car j’étais titulaire surtout que j’avais à mes côtés un très bon gardien comme Nicolas Morrati portier de la Roche VF (DH). C’était un vrai plaisir, mais il y a cette petite amertume de ne pas avoir gagné et que l’aventure s’arrête là. Cependant, c’est toujours une bonne expérience à prendre, j’espère être de la prochaine édition si je reste toujours éligible.
MO : Est-ce que tu connaissais Main Opposée ?
VP : J’étais tombé sur l’article de l’interview de Florian Touzet de l’USSA Vertou, que je connais un petit peu. Ça été l’occasion de découvrir le site que je trouve très bien.
L’équipe de Main Opposée tient à remercier Valentin pour nous avoir accordé cette interview. On lui souhaite le meilleur pour le reste de sa saison avec son club des Voltigeurs de Châteaubriant.
Photo de couverture fournie par Valentin Prévost.
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