10 astuces pour arrêter un pénalty

92ème minute de jeu, l’attaquant perfore ma défense, pénètre dans la surface de réparation. Il s’apprête à armer sa frappe quand le dernier défenseur arrive en catastrophe, le fauche, l’attaquant tombe…La sanction est irrévocable : PENALTY ! A partir de ce moment précis, ce n’est plus qu’un duel arrêté, le gardien face à l’attaquant ayant un objectif simple mais antagoniste.

Que ce soit pour un pénalty ou surtout pour la séance de tirs aux buts, un tas d’idées reçues circulent dans le milieu du football. La plus répandue étant que la séance des tirs aux buts ne soit rien d’autre qu’une loterie. Ce postulat est évidemment faux, il provient juste d’un manque d’information sur cet exercice. Si tu désires améliorer drastiquement ton taux d’arrêt dans cet exercice particulier, la suite de cet article va t’apporter les 10 astuces nécessaires pour parvenir à ton objectif.

1. Avancer sur sa ligne

La loi 14 du football prévoit que le gardien « reste sur sa propre ligne de but, face à l’exécutant, entre les montants du but, jusqu’à ce que le ballon ait été botté. Depuis 2000, il a le droit de se mouvoir sur sa ligne (il devait auparavant être immobile et au centre des buts) » – source Lois du jeu de la FIFA.

Malgré tout, la loi n’est que rarement strictement appliquée. En faisant preuve de malice, sans exagérer, je te recommande d’essayer de grapiller environ 1m en t’avançant vers le ballon. De cette manière, tu réduiras l’angle du tireur.

Cela aura également le mérite de te donner une impulsion vers l’avant. De la sorte, si tu arrives à toucher le ballon, tu parviendras beaucoup plus facilement à le sortir du cadre.

2. Observer le pied d’appui de l’adversaire

Une des techniques basiques pour avoir un indice sur le lieu où le tireur de pénalty va frapper est d’analyser la position du pied d’appui (le pied se posant à côté du ballon).

Juste avant la frappe, au moment où l’attaquant arme sa frappe, observez la direction qu’indique le pied d’appui. C’est très souvent celle vers laquelle il va frapper.

Pour analyser le geste, cela nécessite une répétition de l’exercice de décryptage.

• Tu peux soit prendre un (ou des) partenaire(s) à l’entrainement pour leur demander de faire une séance de 10 pénaltys. Pour reproduire un minimum la pression d’un match, mettez un enjeu pour récompenser le vainqueur de la séance. Impose une série de pompes au perdant.  En moyenne, un tireur réussit son pénalty entre 70% et 85%, le challenge est donc pour toi d’en arrêter au moins 2 pour gagner le pari.
• Sinon, tu as Internet comme ressource, analyse les ralentis de pénaltys en observant précisément la position du pied d’appui par rapport au ballon et en le comparant au côté choisi par le tireur.

Tout ce travail te permettra de perfectionner ton choix, de partir du bon côté de manière plus systématique. N’oublie pas que certains joueurs sont au courant de cela, et décident donc de le feinter. Cela concerne plus particulièrement les attaquants ou les joueurs techniques. Cette astuce a donc moins de poids face à ces profils mais est redoutable face au reste de tes adversaires.

3. Attendre le départ du ballon

Ces dernières années, on a pu remarquer une recrudescence de joueurs ralentissant leur course afin d’attendre le plongeon du gardien de but et ainsi le prendre à contre-pied. Face à la systématicité du plongeon du gardien, les bons tireurs ont trouvé la parade. Les meilleurs dans cet exercice étant Messi et Cristiano Ronaldo.

Cependant, il existe tout de même un antidote face à ces joueurs. Mais comment savoir s’ils vont jouer le contre-pied me diras-tu ? Tu peux le savoir en observant 3 choses chez le tireur :

• Il est technique (ce qui implique qu’il peut se permettre cette prise de risque)
• Il te regarde au moment de sa prise d’élan
• Il a une course saccadée

Plus il remplit de conditions, et plus il est probable qu’il joue le contre-pied. Conséquence ? Il vaut mieux pour toi d’attendre le plus tard possible avant d’esquisser le moindre geste. Cela te permettra souvent de déstabiliser ton adversaire (il ne s’attend pas à ce que tu restes immobile) ce qui pourra lui faire faire une erreur.

Enfin, il lui sera beaucoup plus difficile de feinter en dernier recours car il n’aura pas prévu ton immobilisme. Cela trahira donc d’autant plus son geste (cf pied d’appui) qui te permettra de partir du bon côté.

4. Feinter le plongeon d’un côté

Une des techniques les plus répandues chez les gardiens : influencer le frappeur en lui faisant croire de partir d’un certain côté.

Cela se joue très rapidement, sur la fin de la prise d’élan du tireur, à l’aide d’un seul pas du côté droit pour finalement plonger à gauche et vice-versa.

Je ne m’attarderai pas sur cette feinte, assez basique, mais j’ajouterai en remarque qu’elle est surtout valable face aux joueurs techniques et aux attaquants qui vont beaucoup plus tenter le contre-pied plutôt que de choisir un côté et s’y tenir.

5. Interpréter le premier regard du tireur

Le moment compris entre le coup de sifflet de l’arbitre sanctionnant la faute dans la surface et le début de la course d’élan du tireur est un moment ultra important. C’est là où le gardien peut récolter un maximum d’informations.

Pourquoi ? Tout simplement parce que le futur tireur ne s’attend pas à être observé et qu’il va laisser des indices qui lui seront préjudiciables…

Une fois que le pénalty est sifflé, concentre-toi, ne discute pas la décision – qui ne sera bien évidemment pas déjugée. Focalise-toi sur le futur tireur, observe tous ses faits et gestes et surtout ne le lâche pas du regard.

Tu dois réussir à détecter son premier regard vers un des deux côtés des buts. Cela peut intervenir quand il prend le ballon dans ses mains pour le poser, au moment où il recule, avant le coup de sifllet, au moment de sa prise d’élan ou juste avant de frapper. Plus ce premier regard arrive tôt et plus il y a de chances qu’il dise vrai, plus il intervient tard et plus il y a de chances que ce soit un piège.

Cela s’explique tout simplement par le fait que l’attaquant se sait de plus en plus observé. S’il se sait observé, alors il est logique pour lui de vouloir te feinter et réciproquement.

6. Se décaler légèrement sur un côté

Le 8 décembre 2002, au cours d’un PSG-Nantes de Coupe de la Ligue, Mickaël Landreau a rendu célèbre cette technique. Tu peux revoir cette aciton dans la vidéo juste après :

Ce coup de génie est à minimiser car en réalité c’est un contre-exemple des faits statistiques.

En effet, selon une étude de l’Université de Hong-Kong menée par John Van Der Kamp, il serait possible d’influencer le choix du tireur en se décalant légèrement d’un côté ou de l’autre du centre du but. L’étude a été menée sur un déplacement de 6 à 10cm seulement ce qui est totalement imperceptible à l’oeil mais détecté par l’inconscient du tireur.

Cette enquête montre que dans 60% des cas, le tireur va choisir le côté le plus ouvert. Cela permet donc d’améliorer son choix de côté.

Si l’on reprend l’exemple de Landreau, cela est un contre-exemple car Ronaldinho frappe du côté fermé. Cela dit, cet exemple est à pondérer pour deux raisons :

• Landreau s’est décalé de manière à ce que Ronaldinho le perçoive
• Ronaldinho est un joueur ultra technique qui s’est permis de vouloir contre feinter Landreau alors que la solution la plus évidente était d’ouvrir son pied pour mettre le ballon hors de portée du gardien.

Conclusion : décale-toi légèrement sur un côté et pars du côté que tu as ouvert (le côté opposé), tu augmenteras tes chances de partir du bon côté.

7. Montrer un côté

Toujours dans la rubrique de déstabilisation du tireur, une technique relativement connue est d’indiquer au tireur un des 2 côtés. Tu peux aussi montrer le centre mais je ne m’y attarderai pas car cela fonctionne de la même manière.

J’ai tenté cette technique un peu par moi-même et j’ai eu des résultats très positifs. L’échantillon reste faible mais ça donne une véritable indication sur le fonctionnement du psyché humain.

Sur 12 tentatives où j’ai indiqué ma gauche ou ma droite (je n’inclus pas le centre), je suis parti 7 fois du bon côté. Comment ai-je fait ? Je suis tout bêtement parti du côté opposé à celui que je montrai du doigt.

Décrivons le raisonnement de l’attaquant. Le gardien lui montre un côté (probablement le côté où il va plonger ou le côté duquel le tireur va frapper selon le gardien). Avec la pression du match, il est très difficile d’aller frapper du côté montré par le gardien de peur de se sentir bête si on le rate. C’est cette phrase qui trotte dans la tête du tireur qui lui fait choisir majoritairement le côté opposé : “Mais pourquoi j’ai tiré de ce côté ? Il m’avait pourtant dit qu’il allait plonger la !!!”

Un des meilleurs exemples dans le football professionnel est la finale de la Ligue des Champions 2008 entre Chelsea et Manchester United. Palacios-Huerta, qui avait mené une étude statistique sur la manière dont les pénaltys étaient tirés, a été mis en relation avec Avram Grant, coach de Chelsea de l’époque.

Parmi ces 1417 pénaltys à l’étude, il put extraire l’information qui allait faire gagner Chelsea sa première finale de Ligue des Champions :

Van der Sar a pour habitude de plonger du côté fort du tireur. Si un droitier frappe, le gardien hollandais plonge sur sa droite (point de vue du gardien), si un gaucher frappe, il plonge sur sa gauche. Je te laisse visionner cette sublime séance de tirs aux buts et te faire ton propre avis.

Dans cette vidéo, on se rend compte de plusieurs choses :

• Van der Sar plonge bien du côté naturel du tireur
• Les joueurs de Chelsea ont bien reçu cette information et ont donc décidé d’adopter une contre-stratégie efficace (celle dictée par les statistiques de Palacios-Huerta)

Mais ce qui nous intéresse ici est l’intimidation de Van der Sar face à Anelka en lui montrant le côté non naturel (le côté gauche de Van der Sar). Anelka – comme on peut s’en douter – a du recevoir la consigne de tirer du côté non naturel. Cependant, ce petit jeu psychologique aura eu raison de l’attaquant français. Il décida de tirer de son côté naturel et permit à Van der Sar d’écrire l’Histoire…et de rendre tout le travail statistique pertinent mais inutile…

La morale est qu’il est très difficile pour un tireur de frapper du côté que le gardien montre du doigt. Il est donc judicieux d’influencer le tireur en montrant un côté pour partir de l’autre.

8. Déconcentrer l’adversaire

Encore une finale de Ligue des Champions qui aura marqué l’Histoire du football. Une séance de tirs aux buts où le gardien zimbabwéen  de Liverpool décide tout d’abord de manger les filets du but face aux photographes et ensuite improviser une danse pour le moins surprenante : “les jambes spaghettis”

Le résultat est univoque : les deux tirs romains passent au-dessus et Liverpool ramène la coupe aux grandes oreilles du côté de la Mersey.

Voici l’illustration en vidéo : (tu as la possibilité d’activer et de traduire les sous-titres en français)

Cet exemple mythique montre bien l’importance de la concentration dans un exercice aussi simple que de marquer à 11m des buts. D’où l’intérêt pour un gardien de tenter de faire sortir le tireur de sa zone de confort.

On dit souvent qu’un pénalty bien tiré est innarêtable. Le but est donc que le tireur tire mal pour se donner toutes les chances de réussite. L’un des moyens est donc de le déconcentrer tout en restant éthiquement correct.

9. Rester au milieu

94% des gardiens plongent d’un côté ou d’un autre lorsqu’un pénalty est botté. C’est en tout cas ce que montre une étude menée par l’université Ben-Gurion. Partant de ce postulat, il devient logique de tirer au milieu n’est-ce pas ? Sachant qu’un gardien ne part du bon côté que 40% des cas, on se demande s’il est bien justifié d’anticiper sur un côté et plonger.

D’après ce tableau, on s’aperçoit que 28,7% des frappes sont tirées au centre. Ce tableau ci-dessous représente le pourcentage de fois où le gardien a plongé à gauche, à droite ou est resté au centre. Pareil pour le tireur, sachant que les directions sont données du point de vue du gardien.

Analysons maintenant le taux d’arrêt en fonction de la frappe et du plongeon :

Ce dernier graphique est implacable, le taux d’arrêt est le plus élevé lorsque le gardien reste au milieu (33.3%). Vu que le tireur choisit cette option près de 30% du temps, la solution la plus profitable serait donc de rester au milieu ! Mais pourquoi seulement 6% des gardiens choisissent cette option alors que c’est le choix le plus efficace ?

Cela s’explique par la théorie du biais de l’action. Malgré l’efficacité prouvée que rester au milieu est le meilleur choix, il est plus simple psychologiquement pour un gardien de plonger pour tenter quelque chose (action) plutôt que de rester au milieu (inaction).

Si le gardien plonge du bon côté mais ne l’arrête pas, on a bien un résultat négatif à savoir que le but est rentré. Mais si le gardien ne bouge pas et que le tireur frappe du même côté, on a bien le même résultat mais la pression psychologique des autres (“Mais pourquoi tu n’as rien fait ?“) pousse à penser que l’action est toujours meilleure à l’inaction.

Pour résumer, la solution optimale est de rester au milieu. A toi de voir si tu préfères plonger pour le plaisir ou si l’efficacité prime avant tout pour toi.

10. SPECIAL TIRS AUX BUTS : Plonger sur sa gauche !

Les tirs aux buts sont un exercice particulier où cela se joue énormément sur la psychologie.

Premièrement, vu qu’une séance de tirs aux buts se compose de 5 tirs, il est difficile d’appliquer la stratégie du point 9 car tes adversaires risquent de réajuster et ne plus frapper au milieu ne te voyant pas plonger.

Ensuite, il convient d’analyser et de voir que les joueurs frappent en majorité vers le côté naturel à droite pour un droitier et vice versa (point de vue gardien). On pourrait penser qu’il est judicieux de plonger alors de ce côté. Mais non, car étant donné que le geste est plus facile à réaliser pour un attaquant, alors son taux de réussite augmentera aussi. Par contre, lorsque l’attaquant frappe de son côté non naturel, il lui est plus difficile de frapper fort, et donc de mettre à défaut le gardien.

Pour illustrer mon propos, voici la vidéo du pénalty raté de Zlatan à Lyon le 8 février 2015. On sait tous que Zlatan a pour habitude de frapper de son côté naturel. Les gardiens le savent et plongent très souvent du côté droit. Mais ils oublient souvent une chose : “un pénalty bien tiré est innarrêtable”. C’est donc pour cela qu’on accroit ses chances d’arrêter un pénalty en plongeant du côté non naturel.

N.B : Depuis que Zlatan Ibrahimovic est au PSG, il a raté 4 pénaltys en France (Evian, Reims, Toulouse et Lyon mais finalement comptabilisé. A part contre Toulouse, tous ont été tirés à gauche…)

Bonus : Cas particulier où plusieurs pénaltys sont tirés par le même tireur

Cela arrive assez rarement mais il peut y avoir 3 cas de figure différents :

1. Plus d’un pénalty est sifflé dans le même match
2. Une séance de tirs aux buts a lieu à la fin du match
3. Un pénalty est à retirer

Sache que tirer un pénalty n’est pas simple, alors en tirer deux lors du même match…Encore une fois, penchons-nous sur le raisonnement psychologique qui influence le choix d’un joueur lors du deuxième tir.

D’après une étude statistique réalisée sur le jeu Pierre, Feuille, Ciseau par les scientifiques de l’université chinoise de Zhejiang, ils sont parvenus notamment à deux conclusions :

1. Lorsque l’on gagne, on reproduit le même geste
2. Lorsque l’on perd, on change de geste

Alors, au-delà du conseil pour améliorer tes parties de Chifoumi, cette logique humaine est applicable dans plein d’autres domaines.

Si le premier tir a été réussi, alors choisis le côté que l’attaquant avait choisi lors de son premier tir.

Si le premier tir a été raté, alors choisis le côté opposé.

Conclusion :

Voici la liste exhaustive des conseils que je t’invite à appliquer dès le prochain pénalty qui te sera offert d’arrêter.

Je préconise donc en premier lieu de ne pas choisir de côté et de rester au milieu, mais si tu préfères plonger car tu joues avant tout pour le plaisir, alors tu peux appliquer mes autres conseils.

Rappelle-toi que le taux d’échec aux pénaltys oscille entre 15 et 25%, donc pas de panique si tu n’arrêtes pas le prochain pénalty. Tu as la bonne stratégie, qui saura sur le long terme te donner plus d’efficacité

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