Comme je l’ai expliqué dans un précédent article, on peut améliorer son taux d’arrêt aux pénaltys grâce à des techniques bien particulières. Mais l’exercice du pénalty et, qui plus est, de la séance de tirs au but, se joue surtout dans la tête. La préparation psychologique est en réalité le facteur déterminant dans le succès ou non d’un gardien. Dans cet article, je vais tenter d’aborder dans le détail la partie psychologique de la séance de tirs au but à travers un des meilleurs livres écrits à ce jour sur le poste de gardien de but : Onze mètres de Ben Lyttleton qui sort aujourd’hui, jeudi 26 février 2015.
Il convient d’abord de bien comprendre la définition du mot pénalty. C’est un mot anglais qui signifie pénalité ou sanction. Autrement dit, un pénalty est une sanction suite à une faute d’un adversaire. Par contre, la séance de tirs au but est utilisée pour départager deux équipes à la suite d’un match nul. Cela n’a rien d’une pénalité. C’est donc un abus de langage que de parler de “séance de pénaltys”.
Cependant, pour un joueur de champ, cet abus de langage prend tout son sens tant une séance de tirs au but est une épreuve psychologique pour lui. Frapper à onze mètres du but – 7,32m x 2,44m – est quelque chose de facile à réaliser lorsqu’on l’effectue à l’entrainement. Mais en situation de match, la pression augmente et nos repères sont chamboulés. Pour un joueur, avec l’adrénaline et le stress, l’impression de voir des buts deux fois plus petits est souvent présente.
Cette sensation est décuplée lors d’une séance de tirs au but. On y retrouve la tension d’un duel de western et la passion d’une tragédie grecque. Le tout forme des moments qui rentrent souvent dans l’Histoire du football. C’est pour cela que tout le monde adore regarder une séance de tirs au but mais pas nécessairement un pénalty. C’est pour cette différence fondamentale que nous aimons voir deux équipes se départager par cet exercice et que nous haïssons le joueur ayant oser marquer en prolongations.
Le livre Twelve Yards de Ben Lyttleton est sorti en anglais en mai 2014 – 12 yards étant la distance qui sépare le point de pénalty de la ligne de but. Il prend sa génèse dans le fait que l’auteur anglais ait voulu analyser et comprendre les échecs à répétition de l’équipe anglaise dans les competitions internationales.
Cette envie de comprendre la réalité des faits a poussé Ben Lyttleton à mener des études statistiques poussées et d’aller à la rencontre de légendes du pénatly tels que A. Panenka, H. Schumacher, P. Cech ou encore Ricardo.
Tout son travail lui a permis de mieux appréhender l’exercice du pénalty dans une séance de tirs au but ; ce qu’il dévoile intégralement dans son ouvrage.
Je vais te dévoiler en exclusivité une anecdote – allez, même deux – bien croustillante. Cela concerne le gardien de but portugais Ricardo qui, quasiment à lui seul, a éliminé l’Angleterre à deux reprises : lors de l’Euro 2004 et lors de la Coupe du Monde 2006
Ricardo vs Angleterre : Acte I
Lors de l’Euro 2004 se déroulant chez lui, le Portugal est tenu en échec 2-2 au terme des 120 minutes de jeu. C’est la séance de tirs au but qui va départager les deux équipes. Et à ce jeu là, l’Angleterre est sacrément maladroite – et cela n’a fait qu’empirer depuis.
Alors que l’on se dirige vers le 7ème tireur, le score est de 5-5 entre les 2 équipes. Ricardo raconte qu’en amont de ce 1/4 de finale, il s’était entraîné aux pénaltys et avait même regarder des DVDs pour analyser comment frappaient les tireurs anglais en cas de séance de tirs au but. Mais lorsque le 7ème tireur s’avance – Darius Vassel – voici la réaction que Ricardo eut :
“M****, attends ! J’ai vu chaque joueur marquer un pénalty dans ce DVD sauf ce gars-là. Rien. En a-t-il déjà tiré un avant ?”
J’ai regardé mes mains et je me suis dit : “P*****, il faut que je fasse quelque chose”. J’ai donc enlevé mes gants. Vassel me regarda puis regarda l’arbitre qui lui répondit : “C’est bon”.
Jusqu’à ce jour, je ne sais toujours pas pourquoi j’ai fait ça. Je ne l’avais jamais fait auparavant ou depuis, mais j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose.
Ricardo plongea sur sa gauche et arrêta le tir de Vassel. Pour la petite histoire, le sponsor de Ricardo l’appela pour le féliciter de son exploit mais aussi et surtout pour lui signaler leur mécontentement dû au fait que le tir décisif ait été sauvé sans gants. Ricardo, loyal, leur promit qu’il ne le referait plus.
Ricardo vs Angleterre : Acte II
Deux années plus tard, Angleterre et Portugal se retrouvent pour un 1/4 de finale de Coupe du Monde à Gelsenkirchen. A la suite d’un match houleux où Wayne Rooney se fait expulser, l’Angleterre tient et parvient à amener les lusitaniens aux tirs au but avec un score nul et vierge. C’est à ce moment là que Ricardo décide d’écrire à nouveau l’Histoire. Extraits.
Le Portugal commençait la séance de tirs au but et, avec une course d’élan plein de confiance, Simão Sabrosa trompa Paul Robinson, le gardien de but anglais. […] Franck Lampard était le premier côté anglais à se présenter face au gardien portugais […], il tourna le dos à Ricardo pour se mettre en position, ajusta son col et attendit le coup de sifflet de l’arbitre. “[Lampard] n’avait plus raté un pénalty en deux ans ou quelque chose comme ça […] si j’arrête leur premier pénalty, on a gagné” parce que je savais que s’ils voyaient Lampard rater son pénalty, ils ne pourraient pas s’en relever. Lampard tira de son côté naturel et Ricardo l’arrêta.
Par la suite, Ricardo stoppa les tentatives de Gerrard et de Carragher et envoya le Portugal en demies. Comme le gardien lusitanien l’avait prédit, le coup psychologique porté aux anglais, suite à l’arrêt du premier tir, fut dévastateur. Le raté de Lampard généra un sentiment d’impuissance qui contamina toute l’équipe anglaise. Si on ajoute à cela l’historique entre Ricardo et l’Angleterre, la séance de tirs au but était jouée dès le tir du milieu anglais. C’est d’ailleurs l’analyse globale de Ricardo et les conseils qu’il prodigue :
1) Se focaliser sur le positif
“Ceci est une opportunité, pas un problème. Lampard et Gerrard marquent toujours en championnat, alors pourquoi ont-ils raté dans un grand match ? Ils doivent seulement s’attendre au succès, pas à l’échec.”
2) Faire abstraction des media
“Nous lisons les journaux pendant ces compétitions et tous les jours vous (les Anglais) parlez des pénaltys, priant pour qu’il n’y en ait pas. Si vous avez des mauvais souvenirs, n’en parlez pas. Faites avec.”
3) Oublier l’Histoire
“Les joueurs ont besoin de rester mentalement forts, et apprendre ce qui marche pour eux. Mais quand ils (les Anglais) ont perdu contre nous, on pouvait les voir ressasser : “Oh, on a encore perdu aux tirs au but”. C’était comme si c’était le destin. Ces gars-là souffrent beaucoup trop. […] C’est comme si un film se répétait dans leur tête…et qu’ils savaient comment ça finissait à chaque fois.”
A travers ce simple extrait, on peut déjà comprendre toute l’importance du mental dans une séance de tirs au but. L’historique de l’Angleterre dans cette épreuve, additionné à la peur de l’échec des Anglais ainsi que de la réussite de Ricardo face à ces derniers prouvent qu’une séance de tirs au but se joue avant tout dans la tête.
Le livre de de Ben Lyttleton regorge de faits statistiques pour démontrer que cet exercice n’est pas simplement du à la chance. Il pimente son bouquin en racontant des anecdotes fantastiques qui sont plus passionnantes les unes que les autres. Tous ces récits montrent, un à un, à quel point la pression est énorme sur le tireur.
Pour comprendre le raisonnement du tireur, ce livre explique dans le détail tout ce qu’il se passe dans la tête de ton adversaire. Et si tu arrives à comprendre son processus de pensée, alors tu prends un sérieux avantage psychologique sur lui. Ce livre m’a incité à m’entraîner à tirer des pénaltys, pour me mettre à la place du tireur et comprendre tout ce qu’il se passe dans son esprit. C’est ce que je t’incite à faire également.
Ce livre montre que l’aspect psychologique prévaut sur la technique et le physique lors d’une séance de tirs au but. Pour un tireur, s’il a peur d’échouer alors il échouera. Mais s’il voit le pénalty comme la possibilité d’être le héros alors il a de fortes de chances de réussir à le convertir. Et vice-versa, pour nous gardiens, il est primordial d’avoir une mentalité de vainqueur. Ne pas se demander : “Et si j’échoue ?” mais penser : “Et si je réussis ?” .
Le négatif attire le négatif, le positif attire le positif.
Dans son ouvrage, tu découvriras pourquoi les Allemands sont si forts lors d’une séance de tirs au but. Quels sont les secrets d’un penalty réussi ? Comment tireurs et gardiens se préparent-ils ? Comment Panenka a-t-il inventé la panenka ? Quel est le secret de Petr Cech, le gardien de Chelsea, qui plongea six fois du bon côté en finale de la Ligue des Champions 2012 ? Pourquoi Baggio a-t-il manqué son tir au but en finale du Mondial 1994 ? Pourquoi la France a-t-elle perdu à Séville ? Vaut-il mieux tirer les premiers ? Pourquoi les gardiens sont-ils si souvent d’excellents tireurs ? Pourquoi les meilleurs joueurs du monde sont-ils plus enclins à échouer que les autres ? De quel côté tirer ? De quel côté plonger ? Comment poser son ballon et doser sa course d’élan ? Comment sortir vainqueur de la guerre psychologique entre le tireur et le gardien ? Pourquoi l’échec appelle-t-il l’échec ? etc.
Pour te procurer ce bouquin, et ainsi devenir (presque) imbattable à une séance de tirs au but j’ai mis à ta disposition le livre vendu Amazon. Tu peux l’acheter en cliquant sur le bouton ci-dessous. C’est un lien d’affiliation, c’est-à-dire que je touche une commission sur chaque vente réalisée. En d’autres termes, si tu as apprécié le contenu que je t’ai délivré, c’est aussi une manière de me remercier
N.B. : Les extraits du livre sont tirés de la version anglaise du livre Twelve Yards de Ben Lyttleton. Il se peut que la traduction ne soit pas exactement la même que celle présente dans la version française Onze Mètres.
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