A l’âge de 45 ans, on joue en vétéran le dimanche matin, ou on dépanne en équipe C en 3ème div de district parce qu’il manque du monde. Si on a encore les jambes pour faire une mi-temps. Au même âge, le gardien égyptien Essam El Hadary disputera sa première Coupe du Monde l’année prochaine. Il deviendra le joueur le plus vieux de l’histoire de la plus belle des compétitions.
A l’Euro 2016, le hongrois Gabor Kiraly et l’italien Gianluigi Buffon, respectivement âgés de 40 et 38 ans, étaient vu comme les grands pères du tournoi. Mais en Russie, le grand Gigi sera le cadet du pharaon Essam El Hadary, qui aura 45 ans au moment du tournoi. S’il joue au Mondial (ce qui devrait arriver sauf en cas de blessure), le gardien égyptien du club saoudien Al-Tawoon, battra le record du joueur le plus vieux de l’histoire de la compétition, détenu depuis 2014 par Faryd Mondragon, le gardien colombien qui était entré en jeu face au Japon (victoire 4-1) à 43 ans et 3 jours.
Essam El Hadary est né le 15 janvier 1973 à Damiette, ville portuaire de plus d’un million d’habitants située dans le Delta du Nil (Nord-Est de l’Egypte). A 18 ans en 1991, il intègre le centre de formation du Damiette Club, dans sa ville natale, qu’il quitte quatre ans plus tard, après avoir accédé à la première division égyptienne avec Damiette. Quand il fait ses débuts pros en 1993, Zidane n’était pas encore international français et les monuments du football africain comme Drogba ou Eto’o n’avaient pas commencé leur carrière. En 1995, il rejoint Al-Alhy SC (Le Caire), club le plus titré du championnat égyptien (32 sacres). Il dispute 510 matches avec Al-Alhy en treize ans et remporte sept championnats nationaux. Mais en équipe nationale, El-Hadary a attendu 2006 pour devenir titulaire. Cette même année, il remporte la Coupe d’Afrique des Nations avec l’Egypte en arrêtant deux tirs au but face à la Côte d’Ivoire en finale. Encore en 2006, il gagne la Ligue des Champions africaine, trophée qu’il aura remporté trois fois avec Al-Alhy. Après une courte expérience en Suisse au FC Sion (2008-2009), il repart en Egypte au Ismaily SC, à l’âge de trente-six ans. Sa carrière est alors au ralenti. S’il remporte sa quatrième CAN avec l’Egypte en 2010, il enchaîne surtout les clubs en Egypte. Entre 2009 et 2016, il aura connu six équipes différentes. Son temps de jeu en club et en sélection diminue, il n’est plus sélectionné avec l’Egypte lors des saisons 2014-2015 et 2015-2016. Mais il ne déclare jamais la fin de sa carrière internationale. Et le destin lui a souri il y a un an.
En 2016, âgé de 43 ans, il signe au Wadi Degla, au Caire et retrouve une place de titulaire. De plus, ses performances lui permettent de retrouver l’équipe nationale, au moment de la CAN 2017. “Essam ne faisait pas partie de nos plans”, explique l’entraineur des gardiens égyptien, Ahmed Nagy. “Mais ses performances avec Wadi Delga nous ont forcé à le reprendre“. Avec El-Hadary de retour dans les buts, les pharaons atteignent la finale de la CAN l’hiver dernier (perdue 2-1 face au Cameroun ndlr). Le scénario idéal pour que El-Hadary tire sa révérence ? Peut-être, mais le capitaine égyptien en avait encore dans les doigts. Il décide de prolonger sa carrière pour participer aux éliminatoires du Mondial 2018. Encore un choix gagnant. L’Egypte domine le groupe E des qualifications de la zone Afrique. Et quand Mohamed Salah a transformé le pénalty de la victoire dimanche dernier face au Congo, le terrain a été envahi de supporters et de joie, et l’Egypte a été qualifiée pour son premier mondial depuis 1990. Sauf malheureux retournement de situation, le capitaine de – presque – 45 ans et aux 156 sélections (aujourd’hui) sera le gardien des pharaons à la Coupe du Monde en Russie l’été prochain. Essam El-Hadary entrera dans l’Histoire. Tardivement, mais il y entrera.
Pingback: Le MO de la fin - Au revoir 2017, et bonne année !Main Opposee()